1300. AU MINISTRE D'ÉTAT BARON DE MARDEFELD A SAINT-PÉTERSBOURG.

Berlin, 31 décembre 1743.

Par la relation à mes mains propres que vous m'avez faite en date du 14 de ce mois, j'ai appris avec beaucoup de satisfaction que les mesures que vous avez prises touchant la jeune princesse de Zerbst497-3 ont eu le succès désiré, et que Sa Majesté Impériale est dans l'intention de faire venir incessamment cette princesse et sa mère. Je me suis prêté d'abord à tout ce que l'on a désiré de moi à ce sujet, et je viens d'écrire à la Princesse mère, pour lui recommander le secret pour tout ce qui vient de se passer, et pour la mettre au fait de quelle manière elle aura à entreprendre ce voyage, sans que son époux en soit; aussi ai-je raison d'espérer qu'elle n'y faillira pas. En attendant, vous ne manquerez pas de me mander de temps en temps le succès que l'affaire en question aura, et vous vous concerterez avec vos amis afin qu'il n'y ait pas de changement dans la résolution que l'Impératrice vient de prendre.

Pour ce qui est des frères Bestushew, j'ai été surpris de voir dans votre relation que la mission du Grand-Maréchal redevient encore un peu douteuse, et je ne saurais vous cacher que cette nouvelle ne me plaît point du tout. Ainsi, mon intention est que vous devez faire votrepossible pour qu'on l'envoie chez moi le plus tôt le mieux, puisque j'ai de fortes <498>raisons à croire que lui et son frère me font un tort infini en Russie, et que je crains même que les cabales contre l'Impératrice et contre moi n'aillent commencer de plus belle en Russie, tant que le Grand-Maréchal y sera et que son frère le Vice-Chancelier sera en place. C'est pourquoi vous devez travailler de votre mieux pour que le premier soit envoyé bientôt ici, et que le Vice-Chancelier soit mis alors hors de place, quand même vous devriez employer quelques sommes de cet argent que vous avez encore en main, duquel je vous laisse la disposition libre pour en faire l'usage que vous trouverez convenable pour arriver à mes fins.

Vous serez déjà instruit que la Saxe vient de conclure un traité avec la reine de Hongrie. Comme ce la s'estfait, selon toutes les apparences, à l'insu de l'impératrice des Russies, vous ne manquerez pas d'en parler à vos amis, pour leur faire comprendre d'autant mieux la duplicité de la cour de Dresde, qui, pendant qu'elle donne les assurances les plus fortes à la cour de Russie de ne prendre aucun engagement sans son Consentement préalable, conclut un traité avec la cour de Vienne, justement dans un temps où celle-ci refuse de donner de la satisfaction au sujet du marquis de Botta, ce que vous n'oublierez pas de relever d'une manière convenable, pour faire voir le peu de fond que l'Impératrice pourra faire sur la Saxe et sur toutes ses sincérations. Au reste, vous devez bien observer de quelle manière le ministre de Saxe s'ouvrira à la cour de Russie sur le traité, et si l'on en fera la communication à l'Impératrice, auquel cas vous tâcherez de votre mieux d'en avoir une copie fidèle, quand même vous devriez faire quelques dépenses à ce sujet.

Federic.

Nach dem Concept.

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497-3 Vergl. oben S. 488 Anm. 3.