<146> pousser également de sa part les Français vis-à-vis de lui, afin de les rejeter de la Hesse. Pour le mieux seconder dans cette entreprise et alarmer les Français, comme si je venais les prendre à dos, j'ai fait un détachement de 2 régiments de cavalerie et de 2 escadrons de hussards avec 1 bataillon franc dans la Thuringe, qui vient d'avoir aussi le succès d'obliger l'ennemi de quitter son poste à Langensalza, où il avait une garnison forte et qui s'est retirée jusqu'à Eisenach, en attendant que les miens ont occupé Langensalza.1 Mon grand but en tout ceci a été de dégoûter par là les Français de leur alliance présente, surtout si le prince Ferdinand leur portait quelque coup d'importance que, rebutés à recommencer toujours, ils s'avisassent de songer sérieusement à donner d'autant plus facilement les mains à une paix séparée avec l'Angleterre et avec moi conjointement.

Cependant, comme le prince Ferdinand a traîné jusqu'à présent, malgré toutes mes instances faites, à mettre en exécution ces projets, sans que je sois bien instruit des motifs de son inaction, je lui ai écrit hier encore cette lettre2 dont je veux bien vous communiquer ci-clos la copie, afin que vous voyiez au moins par là que je n'ai rien oublié de ma part et autant que mes forces me l'ont permis, pour bien servir à la cause commune.

Il faut, d'ailleurs, que je vous fasse part dans la dernière confidence d'une nouvelle tentative que je viens d'essayer pour voir s'il n'y aura pas moyen de parvenir à un accommodement entre moi et entre la cour de Russie. Il s'agit d'un particulier à Berlin nommé Badenhaupt, homme sensé, mais peu connu dans le public, qui a un, frère à Pétersbourg établi médecin auprès de Pierre Schuwalow. Ledit Badenhaupt ira faire un voyage à Pétersbourg pour visiter là son frère, et tâchera de trouver une occasion convenable pour sonder comme de son chef, par son susdit frère, s'il y aura moyen ou non de parvenir, par l'entremise de Schuwalow, à une paix particulière entre moi et la susdite cour. Mais, comme il lui faudra quelque assistance pour l'aider seulement de quelques instructions sur la façon dont il aura à se conduire sur une opération de cette nature, vous me ferez un plaisir sensible de prévenir sur tout ceci M. Keith à Pétersbourg et de le requérir de ma part de vouloir bien permettre au susdit Badenhaupt de se présenter avec tout le ménagement dû devant lui, de lui parler de son affaire et lui demander ses avis selon le train que les affaires prendront. Je me flatte, d'ailleurs, que M. Keith voudra bien aussi me donner de ses nouvelles à ce sujet par votre entremise.

Federic.

Nach der Ausfertigung im British Museum zu London.



1 Bericht Lölhöffels, d. d. Cölleda 10. December.

2 Nr. 12580.