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12625. AU FELD-MARÉCHAL PRINCE FERDINAND DE BRUNSWICK.

Leipzig, 9 janvier 1761.

Je viens de recevoir dans ce moment la lettre de Votre Altesse du 6 de ce mois,1 et vous voudrez bien avoir la bonté de considérer qu'il n'y aura guère moyen que vous puissiez compter sur la province de Halberstadt et celle de Magdeburg, pour vous aider de chariots à en tirer, et Votre Altesse conviendra qu'elles n'en pourront point fournir, d'autant plus que les Autrichiens, Württembergeois et les Français, pendant leurs différentes invasions, lorsque Votre Altesse ne jugea, pour les couvrir, pas à propos de faire un détachement en Saxe, mais poursuivit le plan qu'Elle [avait] projeté sur Wesel,2 ont amené presque tous les chevaux et chariots desdites provinces. Ajoutez à cela que les troupes ennemies, ayant pour lors maîtrisé la Saxe à leur gré, à quoi le général Hülsen, n'étant pas en force et ne recevant aucun secours, ne pouvait point porter obstacle, ont tellement dépouillé et foulé la Saxe qu'il n'y a presque point d'apparence que je réussirai à former de la Saxe les magasins nécessaires à la subsistance de mes troupes, et qu'ainsi je me verrai dans la nécessité de recourir aux pays de Magdeburg et de Halberstadt pour fournir aux magasins en Saxe ; en quoi il faudra indispensablement s'aider du peu de chariots qui restent dans ces deux provinces, et qui à peine suffiront au seul charroi de Magdeburg.

Quant au Hohenstein, quoiqu'ils ont souffert également pendant l'été dernier, tantôt des Français tantôt des Württembergeois, n'y ayant point de troupes qui s'opposassent à eux, il pourra peut-être fournir un certain nombre de chariots pour l'usage auquel Votre Altesse compte de S'en servir; mais, outre que le nombre pourrait bien n'en être que médiocre, il conviendrait que les commissaires des vivres s'adressassent à cet égard à la chambre de Halberstadt et s'arrangeassent avec elle, en payant comptant le charroi aux gens du pays.

Au reste, il paraît, par les lettres que Votre Altesse a eu la bonté de m'écrire jusqu'ici sur les difficultés qu'Elle rencontre dans Ses opérations, qu'elles vont toujours en augmentant, de manière que je dois commencer à en présumer que cesdites opérations, ayant dû être mises en œuvre dès le 15 de novembre dernier, se trouveront arrêtées de plus en plus par d'autres difficultés, et que l'hiver passera, sans que Votre Altesse Se voie en état de rien entreprendre. Tout ce que j'y puis faire, c'est de témoigner ma bonne volonté pour la cause commune et de vous faire des remontrances sur l'importance desdites opérations et des suites fâcheuses qui naîtront immanquablement de la situation ou Votre Altesse Se trouve actuellement. Comme j'ai cru devoir le Lui écrire à différentes reprises, particulièrement par ma dernière lettre,3



1 Vergl. Nr. 12626.

2 Vergl. Nr. 12464.

3 Nr. 12621.