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12668. AU CONSEILLER PRIVÉ DE LÉGATION BARON DE KNYPHAUSEN A LONDRES.

Leipzig, 11 février 1761.

J'ai reçu à la fois les rapports que vous m'avez faits du 20, 23, 27 et 30 du mois passé de janvier, mais ne saurais vous point dissimuler combien je suis mal édifié de ce que vous n'avez pas fait usage d'abord de tout ce dont mes ordres du 31 de décembre et du 3 et 4 de janvier1 vous chargent. Je suis surtout frappé de ce que vous avez pu vous mettre en tête comme si mes dépêches susaccusées ne vous autorisaient pas à faire aucune offre spécifique de ma part; car à quel autre usage vous aurais-je envoyé ces dépêches avec toutes les pièces y jointes, sinon que pour vous en informer et pour en faire ensuite usage auprès des ministres qui, à ce que vous m'avez mandé du depuis par chaque ordinaire, vous pressaient tant là-dessus!

Voilà ce que je crois qu'on dit traîner pour traîner, et vous êtes mal avisé de laisser passer inutilement un temps qui, par les circonstances où nous sommes, nous doit être infiniment précieux, d'autant plus qu'il m'importe extrêmement de savoir où j'en suis à la fin avec le ministère anglais. Supposé donc, ce que je ne saurais cependant pas croire, que vous n'ayez pas encore fait usage de ce que mes ordres susdits vous instruisent, je veux que vous ne traîniez plus un moment à les exécuter, auxquels aussi je n'ai rien à ajouter, sinon que vous conviendrez vous-même qu'il m'est absolument impossible de déterminer une somme de subsides — le cas d'une paix séparée entre l'Angleterre et la France existant, aux conditions que je vous ai marquées à mon égard —, avant que je ne sache précisément le nombre des troupes allemandes auxiliaires que l'Angleterre me voudra fournir alors, durant le temps que je serai obligé de continuer encore la guerre présente contre mes ennemis.

Au surplus, vous remercierez très poliment de ma part les ministres de l'attention qu'ils ont eue pour se prêter d'abord et de leur chef à un secours en argent de 10000 livres à remettre incessamment à la reine de Suède secrètement,2 afin de la mettre par là, elle et le parti bien intentionné, en état d'accomplir ses vues en faveur des intérêts de la cause commune.

Enfin j'ai tant agi que le prince Ferdinand est d'aujourd'hui en mouvement. J'y ai, pour ma part, 23 escadrons et 6 bataillons, et je crois qu'on peut se flatter que l'entreprise réussira. Elle était nécessaire à tout égard, et j'espère qu'on m'en saura quelque gré chez vous, d'autant plus qu'ayant manqué de lettres d'Angleterre, j'ai compris qu'en bon allié je devais prendre sur moi une entreprise qui est essentielle pour notre bien commun.

Federic.

Nach dem Concept. Der Zusatz eigenhändig auf der im übrigen chiffrirten Ausfertigung.



1 Vergl. Nr. 12617, 12619 und 12620.

2 Vergl. S. 218.