<306>

12791. AU MINISTRE D'ÉTAT COMTE DE FINCKENSTEIN A MAGDEBURG.

Meissen, 4 avril1 1761.

Je n'ai pas tout-à-fait ignoré le projet des Russes sur Colberg,2 dont cependant je vous sais gré que vous avez bien voulu m'en informer par votre lettre du 2 de ce mois. Nonobstant cela, je suis très persuadé que ce n'est qu'une démonstration toute pure, pour vouloir cacher par là leurs véritables vues. Je m'attends qu'ils commenceront leur campagne par y détacher quelque corps de leurs troupes, et j'ai pris mes mesures là-dessus. Mais leur vrai projet n'est autre que d'agir contre la Silésie, pour seconder les opérations de Laudon. Je présume que le concert entre les Autrichiens et les Russes en est pris. Il ne faut pas croire que Laudon voudra se borner à une campagne défensive, et les Russes ne voudront point se brûler les doigts eux seuls; les magasins que ceux-ci amassent à Posen et alentour, me déclarent assez leur intention.

J'estime que les conjectures que vous faites sur ce qui regarde les sentiments pacifiques que la France a fait déclarer jusqu'à présent, sont bien fondées. Je souhaiterais seulement que les ministres anglais ne restassent pas si tranquilles à vouloir voir venir les Français, pour leur faire les premières ouvertures, mais qu'ils fissent au moins indirectement quelques pas envers la France. Je crois qu'une paix prompte et avantageuse les intéresse autant que moi, et c'est en conséquence que j'ai instruit le baron de Knyphausen dans ma lettre ci-close,3 que vous aurez soin de lui faire parvenir au plus tôt mieux.

Federic.

Nach der Ausfertigung.


12792. AU CONSEILLER PRIVÉ DE LÉGATION BARON DE KNYPHAUSEN A LONDRES.

Meissen, 4 avril 1761.

La dépêche que vous m'avez faite du 24 [du mois passé], vient de m'être rendue. Content que je suis du soin que vous m'avez marque à m'informer par là de tout ce qui mérite mon attention, je vous en sais parfaitement gré. J'apprends, d'ailleurs, avec satisfaction que les ministres anglais n'ont été du tout effarouchés de la somme que je leur ai demandée en bloc dans l'existence du cas présupposé.4 Il est vrai, et je l'avoue à vous seul, que je me suis déterminé à cette somme véritablement en bloc, n'ayant jamais pu pénétrer ni le nombre des troupes que dans ce cas-là l'Angleterre me destine, ni à quoi se mon-



1 Im Concept vom 4. März datirt.

2 Vergl. Nr. 12773. 12776.

3 Nr. 12792.

4 Der König hatte in der Unterredung mit Mitchell (vergl. S. 256. Anm. 1) die Summe auf 9 Millionen Reichsthaler angegeben.