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12805. AU FELD-MARÉCHAL PRINCE FERDINAND DE BRUNSWICK.

Meissen, 9 avril 1761.

Je fais ma présente lettre à Votre Altesse pour L'avertir que je viens de contracter un engagement avec le colonel de Gschray, officier qui dans la guerre passée du temps de feu l'empereur Charles s'est acquis une bonne renommée pour être habile partisan, pour la levée d'un corps de 6 compagnies de cavalerie légère et de 6 compagnies d'infanterie qu'il va assembler dans ma ville de Minden pendant l'intervalle de quatre mois, à compter du mois présent d'avril — comme le terme d'où il recevra les prêts de moi pour le nombre effectif de son corps — [jusqu'au dernier de juillet], la plupart des déserteurs français. En conséquence de sa capitulation, il s'est obligé que, pendant l'intervalle desdits quatre mois et tandis qu'il travaille à rendre complet son corps, il servira avec ce qu'il en aura assemblé, avec l'agrément de Votre Altesse, auprès de l'armée alliée sous vos ordres, tout comme vous le trouverez convenable; mais, vers la fin du mois de juillet et quand le corps sera complet, sa destination de ma part est de l'envoyer vers Halberstadt pour couvrir ce pays-là et les environs contre les entreprises des ennemis. Si, d'ailleurs, vous serez assez favorisé de la fortune de pouvoir marcher en avant dans le pays de Hesse, je vous permettrai bien que vous puissiez bien vous servir en même temps de ce corps pour le détacher vers Duderstadt, Eisenach et jusques Vacha, à moins qu'il n'arrive que les troupes des Cercles n'avancent vers Leipzig ou vers le Magdeburg et ces contrées; car, dans ce cas-là, ce colonel, que j'ai engagé avec le grade de général-major, sera obligé de se tourner incessamment, avec tout son corps, vers ce côté-là pour y porter son assistance, selon les occurrences et autant que ses forces le permettront.

Je me flatte que Votre Altesse sera contente en quelque manière des dispositions que j'ai faites à cet égard, et qui vous marquent au moins ma bonne volonté pour vous aider au possible. J'espère, au surplus, que nous tirerons de bons services de cet officier, qui se trouve exactement au fait de tous les arrangements des Français. Il faut, au reste, que je vous avertisse que ce colonel est actuellement encore, avec quelques officiers qu'il a déjà assemblés, à Strasbourg, d'où cependant il se retirera incessamment, après qu'il aura la nouvelle de sa capitulation signée, et qu'ainsi il sera très nécessaire que vous me ménagiez encore le secret sur ceci, tout comme je le ferai, afin qu'il ne soit possible qu'ils en eussent le moindre vent avant son arrivée chez nous.

Federi c.

Nach der Ausfertigung im Kriegsarchiv des Königl. Grossen Generalstabs zu Berlin.