<335> l'armistice ne rencontrera probablement point de difficulté, il m'en semble que les choses s'arrangeront peut-être sur un pied à voir renaître la tranquillité, du moins de ce côté-là; car, quoique les Autrichiens aient aussi fait de leur part la proposition en question, ils n'ont point touché à celle d'une suspension d'armes, ce qui indique assez qu'ils n'y vont pas de trop bonne foi, et me mettra, par conséquent, dans la nécessité de faire la campagne contre eux.

Federic.

Nach dem Concept.


12821. AU FELD-MARÉCHAL PRINCE FERDINAND DE BRUNSWICK.

Meissen, 13 avril 1761.

La lettre de Votre Altesse du 8 m'a été fidèlement rendue, et je vous remercie de bien bon cœur de l'amiable et confidente communication que vous avez daigné me faire des différentes idées que vous avez conçues touchant votre campagne à faire. Je vous avoue que, pour dire avec franchise mon sentiment sur ces idées que vous me proposez, je ne balance pas un moment de préférer celle sur la Diemel préférablement à toute autre, par la raison que, si une fois vous passez le Weser avec le gros de votre armée, les deux armées françaises serront de plus en plus votre terrain qu'il ne saurait tarder guère que vous ne vous trouviez nécessité de vous approcher et de vous retirer vers Stade, ce qui causerait une très mauvaise issue de votre campagne; mais si, au contraire, vous gardez la position de la Diemel, vous ne sauriez, à la vérité, empêcher tout-à-fait que l'ennemi ne fasse des incursions dans les pays de Hanovre et de Brunswick, mais ces incursions n'entraîneront jamais autant de maux que si le siège des affaires y était: outre cela, comme vous le dites très bien, que, quand l'ennemi voudra passer le Weser, vous serez toujours alors à même de lui marcher à dos. Enfin, ce projet de la Diemel est, sans contredit, le meilleur et à préférer à tout autre. Je ne saurais pas disconvenir qu'il soit sujet à bien des inconvénients, mais les inconvénients qui Assortiront de l'autre projet, sont bien plus grands et importants, vu qu'ils s'originent1 de la supériorité de l'ennemi.

En attendant, il y a présentement plus d'espérance que jamais que vous vous passerez de tous ces inconvénients, après que la France vient de proposer depuis peu une suspension d'armes à l'Angleterre, et qu'il y a toute apparence que celle-ci l'acceptera.

Quant aux troupes que j'ai détachées sur la Werra,2 je ne saurais les laisser là plus longtemps, malgré toute ma bonne volonté, que jusqu'à la fin de ce mois, où il faudra que j'assemble tout ce que j'ai ici de forces, parcequ'il sera nécessaire que je passe aux premiers jours de



1 So.

2 Vergl. S. 296. 310. 311. 316.