<337> que je ne crois pas qu'on pourra les éviter; mais à savoir quelle en sera l'issue, c'est ce que je n'ose prédire, et je crois que, vu notre grande infériorité du nombre et la mauvaise composition des troupes, nous y courrons un double risque: ainsi je veux bien croire que nous aurons deux batailles, mais je n'ose affirmer que nous en gagnerons une. Voici donc principalement en quoi je diffère de vos prophètes : ils croient que je serai heureux, et je suis d'opinion que jamais nous n'avons eu de plus grands risques et dé plus grands hasards à courir que cette campagne.

Je n'ai certainement pour le présent d'autre projet que celui de me défendre et d'empêcher nos ennemis de me faire le mal qu'ils méditent, c'est donc à savoir si je pourrai y réussir ou si j'y succomberai. Voilà, ma chère sœur, le véritable tableau de notre situation : il n'est pas du Watteau, mais de l'Espagnol qui avait le colorit noir et qui ne peignait que des sujets lugubres.

Toutes ces réflexions ne vous réjouiront pas, ma chère sœur, mais je crois qu'il faut vous préparer d'avance à vous revêtir de votre impassibilité stoïque dont vous aurez sûrement souvent besoin durant cette campagne.

Si vous savez quelque chose de consolant à m'apprendre, je vous prie de me le communiquer, car, véritablement, j'ai besoin d'un bon confortatif. Soyez persuadée de la tendresse avec laquelle je suis, ma chère sœur, votre fidèle frère et serviteur

Federic.

Nach der Ausfertigung im Königl. Hausarchiv zu Berlin. Eigenhändig.


12823. AN DEN GENERALLIEUTENANT FREIHERRN VON DER GOLTZ.

Meissen, 15. April 1761.

Ich habe Euer Schreiben vom 11. dieses erhalten, worauf Euch in Antwort diene, dass Ihr Euch in Eurem Judicio, so Ihr über die österreichschen Absichten fället, nicht betrüget. Bis dato seind solche nicht anders als defensives. Ich habe sehr grosse Mühe zu glauben, dass es mit denen Detachements, so Laudon machet, noch zur Zeit ein rechter Ernst sei. Es ist zwar wahr, dass die Oesterreicher sich mit denen Spaniern und dem Turinschen Hofe über die italiensche Sachen nicht verstehen können;1 demohnerachtet aber glaube Ich noch nicht, wie es schon so weit gekommen, dass es zum wirklichen Bruch ausschlagen werde. Was die Rebellion in Ungern angehet, da kann solche dem wienerschen Hofe nicht sonderlich viel Ombrage machen, weil, wann solcher ein Bataillon [3] oder 4 mit Canons nebst ein paar Regimenter Dragoner dahin schicket, selbige alsdenn alles sich dort versammlete



1 Vergl. Nr. 12797. 12811.