<423> sorte que, si vous trouvez des moyens à opérer quelque chose à l'avantage de mes intérêts et pour accélérer la paix, tout comme je le désire, vous aurez encore ce temps-là pour y travailler et pour prévenir bien des maux inséparables des opérations de la guerre.

Federic.

Nach dem Concept.


12917. AU FELD-MARÉCHAL PRINCE FERDINAND DE BRUNSWICK.

Kunzendorf, 21 mai 1761.

J'ai été charmé de recevoir les premières nouvelles de votre part depuis mon entrée en Silésie, par la lettre du 23 de ce mois que vous avez bien voulu me faire, et vous remercie de tout mon cœur des avis intéressants dont vous me faites part.1 La marche que j'ai faite dans ce pays-ci, n'a été que pour assurer le pays jusqu'à l'ouverture de la campagne. La retraite de Laudon n'est avantageuse qu'au plat pays; ni Laudon ni Daun n'entreprendront rien, avant que l'armée russienne ne sera en mouvement, et on m'assure de tous les côtés que cette armée n'approchera de nos frontières qu'à la fin de juin; mais ce sera peut-être le temps que notre situation, tout comme celle de vos armées, deviendra fort critique.

Selon toutes les nouvelles qui viennent de France, il paraît que c'est fort sérieusement que la France désire la paix. Je soupçonne plutôt, entre nous soit dit, que M. Pitt n'en a pas tant d'envie que les français; cependant, il faut que tout cela s'éclaircisse en peu de temps : ou il faut que les Français et les Anglais soient convenus de leurs préliminaires de paix avant la fin de juin, ou bien on saura à quoi s'en tenir, et qu'il ne faut plus penser à la paix. J'espère cependant qu'elle se fera; car je vous avoue franchement que, si nos ennemis veulent agir de toutes leurs forces, il est impossible de bien espérer sur la campagne prochaine pour les intérêts de la cause commune, la supériorité du nombre étant trop considérable de tous les côtés, et pour peu qu'il nous arrive de malheur d'un côté ou d'autre, nous sommes sans ressources. J'aurais bien voulu que les Anglais n'eussent pas tenté l'expédition sur Belle-Isle2 dans ces conjonctures; mais vous devez savoir que ces gens-là ne sont pas faciles à gouverner, qu'ils sont amoureux de leurs sentiments et opiniâtres: de sorte qu'il faut attendre



1 Vergl. Nr. 12918.

2 Vergl. S. 395.