<490> d'hiverner dans la Nouvelle-Marche et dans la Poméranie; mais, comme leur flotte ne peut guère arriver que le 15 du mois prochain, ils sont intentionnés de suspendre leurs opérations jusqu'à ce temps-là, et c'est là apparemment la cause qui [arrête]1 les mouvements des Autrichiens.2

Je ne saurais pas deviner encore si le maréchal Daun veut faire ses efforts en Saxe ou s'il veut se tourner du côté de la Silésie. Les Autrichiens ont un gros magasin à Jung-Bunzlau qui, se trouvant au centre, seconde toutes les opérations qu'ils voudront entreprendre, soit en Lusace soit en Silésie.

Après avoir lu vos bulletins, dont je vous remercie, et tout ce que vous me mandez, je crois que je devine quelque chose de ce que vous y marquez. Le courrier que le maréchal Daun a reçu de l'armée des Russes, pourra avoir contenu à peu près les excuses, premièrement, de ce qu'ils n'envoient point de secours à Laudon et, en second lieu, la cause du retardement de leurs opérations; mais la raison pourquoi Daun a été reconnaître à Proschwitz,3 sera sûrement qu'on lui aura fait un projet de vous attaquer, dont il aura voulu examiner la possibilité, et dont à peu près telle a été la disposition de faire passer le corps de Lacy sur les hauteurs de Proschwitz et d'y établir des batteries le long de l'Elbe pour vous empêcher d'occuper les hauteurs du côté de Meissen ; d'attaquer avec un corps considérable la ville de Meissen et, pour vous faire diversion en même temps, de faire passer un corps par Dœblen et par Rosswein pour vous donner de la jalousie sur les Katzenhæuser. Vous verrez qu'il vous sera facile de vous opposer à ce projet-là, vu que les hauteurs de Kynast4 dominent beaucoup celles de Proschwitz, et qu'en soutenant la ville de Meissen et ses hauteurs, l'ennemi se pourrait casser le nez.

Je viens à présent aux autres opérations de la guerre. Il est sûr qu'en toute guerre qui se fait avec forces égales, votre système, comme le plus sûr, doit être préféré au mien; mais ce n'est point le cas où nous nous trouvons. Nous n'avons que deux armées, et nous en avons quatre contre nous. Or, dans ce cas-là, il faut bien nécessairement se défaire d'une pour pouvoir accourir à l'autre, et principalement compasser le temps, pour que les armées puissent paraître doubles [en temps],5 puisqu'il faut que chacune des nôtres agisse contre deux armées. C'est dans ce dessein que j'ai fait le détachement de Goltz, et c'est à présent sur quoi j'ai mes yeux ouverts. Si ce projet réussit, comme



1 Nach dem Concept; Vorlage: „fortifie“ .

2 Dem Hauptmann von Götzen wird am 27. Juni auf seine Berichte vom 26. geantwortet, „dass, was ohngefähr bisher und jetzt in den feindlichen Lägern bei Zittau und sonsten wegen des Remuiren derer Truppen passiret, wohl nichts anderes als eine Veränderung und Vertauschung unter denen Regimentern mit einander ist, dergleichen Ich angemerket, dass es alle Jahr bei denen Oesterreichern geschehen ist, wenn sie ihre Corps formiren wollen“ . [Ausfertigung im Besitz des Lieutenants Grafen Götzen in Berlin.]

3 Nördl. von Meissen, rechts der Elbe.

4 Westl. von Meissen.

5 Ergänzt nach dem Concept.