<507> sur elle, elle en dût retirer tout l'avantage raisonnable pour soi, mais qu'encore, selon le concert pris alors avec les ministres, ils dussent parler également d'un ton énergique aux Français à mon égard, pour leur déclarer rondement que l'Angleterre ne m'abandonnerait jamais, qu'elle ne ferait sa paix avec la France qu'a mon inclusion, ni ne permettrait pas qu'on me prétendît aucune cession de mes États tels que je les avais possédés avant la présente guerre, enfin, que les Anglais dussent prescrire la loi aux Français là-dessus et en convenir avec eux en conséquence. Mais comme cela me semble prendre un tour tout contraire à présent, de sorte qu'il paraît comme si les ministres anglais penchent à se faire donner la loi des Français à mon égard, afin de faire d'autant mieux peut-être leurs propres convenances, vous devez donc redoubler de zèle et d'application pour rectifier les ministres par des représentations douces et modérées, afin de ne pas les heurter absolument de front, en réclamant les traités, les garanties, la bonne foi, la gloire du royaume et de la nation, afin de ne pas préjudicier aux intérêts d'un allié qui avait rempli si religieusement les engagements pris avec la couronne d'Angleterre, et pour ne pas se couvrir eux-mêmes de honte, en me sacrifiant indignement; que l'Angleterre ne perdrait rien pour cela à ses propres intérêts et qu'elle s'attacherait plutôt à jamais un allié dont elle venait d'éprouver la fidélité et le désintéressement; que c'était sur cela que je comptais d'autant plus que ce serait peine perdue à vouloir me disposer à faire des indemnisations et moins encore des cessions à mes ennemis trop redoutables déjà à la cause commune, et qu'au lieu de cela j'attendrais plutôt toutes les extrémités et me consolerais de ce que, sans ma faute, l'incendie de la guerre continuerait et que, pour m'avoir sacrifié honteusement, tout le système de l'Europe et la balance du pouvoir irait s'ébranler et se bouleverser.

Il faut que vous soyez plus vigilants que jamais pour observer ces gens qui, me semble, commencent à gauchir et adopter de nouveaux principes. Les miens seront toujours les mêmes et ne changeront qu'avec la fin des esprits qui m'animent.

Federic.

Nach dem Concept. Der Zusatz eigenhändig auf der im übrigen chiffrirten Ausfertigung.


13018. A MONSIEUR PITT, MINISTRE ET SECRÉTAIRE D'ÉTAT DE SA MAJESTÉ BRITANNIQUE A LONDRES.

[Kunzendorf, 3 juillet 1761.]1

Monsieur. Je viens de recevoir une dépêche de mes ministres à Londres2 qui m'a fait soupçonner quelque malentendu de leur part. J'ai cru qu'il était à propos de m'expliquer immédiatement avec vous,



1 Das Datum ergiebt sich aus Nr. 13019.

2 Vergl. Nr. 13017.