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Il ne reste à Laudon qu'à faire une tentative sur la Haute-Silésie, mais nous y sommes tout préparés, et je le trouverais très étourdi d'entreprendre un siège, avant que préalablement il n'eût remporté quelque grand avantage sur nous, outre que la Haute-Silésie me fournit une foule de moyens pour déranger tous les projets qu'il [pour]rait y former. Adieu.

Federic.

Nach der Ausfertigung im Kriegsarchiv des Königl. Grossen Generalstabs zu Berlin. Eigenhändig.


13126. AU PRINCE HENRI DE PRUSSE.

[Au quartier général de Strehlen, 6 août 1761.]1

Je devine que vous serez inquiet de ce qui se passe en Silésie. C'est pour vous tranquilliser que je vous mets au fait de nos manœuvres et de celles des ennemis. Laudon a voulu se joindre avec les Russes en Haute-Silésie; je lui ai rompu ce dessein. Il a poussé les Russes, et il a tant manœuvré qu'il leur a persuadé d'approcher de Breslau pour y attirer mon armée. Je me suis contenté d'y envoyer un détachement, et je garde par mes positions le centre entre leurs armées. Selon mes nouvelles, le dessein de nos ennemis sur la Haute-Silésie est toujours le même. Vous pouvez être sans appréhensions pour nous; je crois qu'il sera impossible à Laudon et aux Russes d'exécuter leur projet, à moins qu'ils n'en forment d'autres plus faciles à exécuter. Je ne puis rien assurer d'avance, mais s'il arrivait que je continsse ces deux armées par des mouvements, vous n'en devriez pas être étonné.

Pour vous donner une idée des positions présentes, représentezvous Laudon entre Silberberg et Wartha, les Russes à Hundsfeld et mon armée à Strehlen. J'ai aussi loin de Breslau que de Neisse, toutes les forteresses ne sont de moi éloignées que d'une marche; j'en ai deux d'ici à Neustadt, les Russes quatre de Breslau à Oppeln, Laudon trois très difficiles marches à Neustadt Vous pouvez juger, par cet exposé, de notre situation qu'elle est hors de tout risque. Je dois ajouter, de plus, que jusqu'ici il ne parait aucune vigueur dans les entreprises des Autrichiens, encore moins dans celles des Russes, et vous jugerez facilement par ce que vous venez de lire, qu'il faut m'attaquer, soit que Laudon marche vers Breslau soit qu'il veuille aller vers Neustadt pour se joindre aux Russes, et sur tous les lieux critiques où il est obligé de me passer, j'ai des camps d'une bonté merveilleuse, de sorte que, quand même il voudra donner un coup de collier, il est cent à parier contre un qu'il ne soit bien battu, et, de ce moment, les Russes s'en iront bien vite vers la Vistule. Ne craignez pas non plus qu'ils prennent la



1 Das Datum nach der Ausfertigung.