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12477. AU FELD-MARÉCHAL PRINCE FERDINAND DE BRUNSWICK.

Meissen, 8 novembre 1760.

Vous aurez reçu, comme moi, la triste et fâcheuse nouvelle de la mort subite du roi d'Angleterre. Mais comme je viens de recevoir en même temps des assurances favorables1 que le Roi son successeur et le ministère britannique continuent dans la même façon de penser sur les affaires de la bonne cause, je crois que l'évènement susdit ne vous troublera pas dans vos opérations.

J'ai battu ici l'ennemi, comme je vous l'ai écrit;2 nos avantages sont plus grands et plus forts que nous ne l'avons cru d'abord. Nous avons au delà de 200 officiers prisonniers, 50 pièces de canons, et nous pouvons évaluer la perte de l'ennemi sans exagération à 20000 hommes. Beaucoup de probabilités me font croire que l'ennemi évacuera la Saxe, d'autant plus qu'il lui manque 14 généraux, morts, blessés et prisonniers. Cet évènement sera peut-être assez fort et considérable pour inspirer des sentiments pacifiques à la cour de Vienne. Il ne nous manquerait qu'un évènement heureux et quelque avantage que Votre Altesse pourrait remporter sur les Français, pour déterminer également la cour de Versailles. Vous avez éprouvé combien il est difficile d'opérer contre des puissances et contre des forces supérieures, et je crois qu'il faut hasarder quelque chose pour obliger les ennemis à faire la paix. Plus que j'examine votre position et celle de M. de Broglie et du comte de Lusace, et moins je crois que vous deviez attendre plus longtemps. Je [ne] vous écris cette lettre et je n'entre dans cette discussion que pour vous confirmer dans votre projet que vous m'avez communiqué par votre dépêche du 27 d'octobre dernier,3 et je me crois d'autant plus obligé de vous marquer mon sentiment sans conséquence, que j'ai lieu d'appréhender que la mort du roi d'Angleterre vous rendît indécis sur le parti que vous deviez prendre. J'espère que vous y ferez quelque réflexion et que ces lettres interceptées que je vous ai communiquées aujourd'hui matin en original par un courrier exprès,4 donneront plus de poids aux raisons alléguées ci-dessus.

Federic.

Nach der Ausfertigung im Kriegsarchiv des Königl. Grossen Generalstabs zu Berlin.


12478. AN DEN MAJOR VON LICHNOWSKY, VICECOMMANDANTEN VON GLOGAU.

Meissen, 8. November 1760.

Ich danke Euch recht sehr vor die in Eurem Schreiben vom 3. dieses Mir von dort her communicirte Nachrichten, wornach Mich be-



1 Bericht Knyphausens und Michells, d. d. London 27. October. Vergl. S. 64. Anm. 2.

2 Vergl. Nr. 12462.

3 Vergl. S. 48. Anm. 1.

4 Vergl. Nr. 12470.