12435. AU MINISTRE D'ÉTAT COMTE DE FINCKENSTEIN A MAGDEBURG.

Dahme, 21 octobre 1760.

Après que je viens d'arriver ici avec mon corps d'armée, mon premier soin a été de vous informer de ma situation présente. Je vous ai déjà instruit par ma lettre précédente24-3 que, voyant la Saxe et même mes États héréditaires envahis par les ennemis, je me suis pressé pour aller à leur secours. La marche que j'ai faite par la Lusace, a obligé le maréchal Daun de sortir avec son corps de la Silésie, et, autant que j'en sais à présent, il est aux environs de Bautzen pour rentrer en Saxe. Il a laissé en Silésie le général Laudon avec quelque corps de troupes, contre lesquelles j'ai détaché d'abord le lieutenant-général de Goltz avec<25> un bon corps de troupes, pour être à même de s'opposer aux entreprises que Laudon voudrait faire en Silésie.

Mon affaire la plus principale à présent ici sera de passer l'Elbe, ce que, je pense, ne sera pas difficile pour y réussir. Ensuite je serai obligé de mener mes opérations à une affaire décisive, ce qui sera absolument nécessaire par la raison que, si nous traînons la guerre et si je ne tâche pas d'engager quelque affaire décisive, la paix nous manquera l'hiver qui vient, et dans une campagne future nos affaires seraient plus empirées que jusques ici. En second lieu, je n'ai que deux saisons pour agir offensivement, savoir le commencement du printemps et l'arrière-saison, où je me vois débarrassé d'une partie de mes ennemis, que, si le bonheur me favorise et que je gagne une bien bonne bataille, je pourrai peut-être redresser toutes nos affaires en Saxe et même en Silésie et inspirer des sentiments pacifiques à la reine de Hongrie. D'ailleurs, la nécessité des subsistances m'oblige de faire à tout hasard des progrès en Saxe et d'en maintenir au moins la plus grande partie, pour faire vivre mon armée, pour y avoir des quartiers d'hiver et pour en tirer des sommes absolument nécessaires pour me soutenir. Voilà ce que j'ai bien voulu vous dire, quoique pour votre direction et sans que vous en communiquiez rien à qui que ce soit.

Ma prophétie n'est, hélas, que trop accomplie, il faut cependant lutter contre l'infortune. Nous ne manquons ni de volonté ni de courage, nous ne désirons que l'occasion et la fortune.

Federic.

Nach der Ausfertigung. Der Zusatz eigenhändig.



24-3 Nr. 12422.