12462. AU FELD-MARÉCHAL PRINCE FERDINAND DE BRUNSWICK.47-3

Torgau, 5 novembre47-4 1760.

Je vous sais parfaitement gré de la lettre que vous avez bien voulu me faire du 27 d'octobre, et vous suis bien obligé des détails où vous êtes entré pour me donner une notion exacte et claire de votre situa<48>tion présente et de celle des ennemis vis-à-vis de vous. Vous serez bien persuadé de toute ma bonne volonté à remplir votre attente à vous donner mon sentiment sur l'entreprise que vous avez formée sur l'ennemi;48-1 vous conviendrez cependant qu'il est très difficile, pour ne pas dire impossible, d'en former un jugement solide, sans avoir des notions locales et des idées claires et suffisantes de toute l'assiette des différents terrains. Comme je n'ai jamais vu ces lieux dont il est question, et n'y suis pas même passé en voyageant, les meilleures cartes n'y sauraient suppléer, qui ne sauraient donner qu'une idée sur la vraie position des lieux et de leurs distances, mais point des différents niveaux des terrains et des montagnes, pour en former des jugements. Au reste, rien de meilleur que ce dont vous vous êtes avisé, savoir d'attirer à vous un bon et nombreux renfort des troupes du pays de Münster, pour être mieux en forces d'exécuter vos projets.

J'agréerai avec plaisir à mon service ce capitaine de Riedesel, qui vous sert d'aide de camp, et vous m'obligerez, s'il se trouve d'autres bons officiers encore appliqués et de bonne réputation, qui voudront prendre service parmi mes troupes, de les y engager encore.

Daun et Lacy ont tenu ferme à la fin dans leur poste de Torgau, où je les ai attaqués hier et leur ai livré bataille. L'armée ennemie avait sa gauche à la ville de Torgau et la droite derrière les Schafsteiche. Je partis, le 3, de mon camp d'Eilenburg pour les attaquer; je marchais sur Neiden48-2 pour gagner le flanc droit de l'ennemi. Le général Zieten, avec 20 bataillons et la droite de la cavalerie, suivait le grand chemin d'Eilenburg pour attaquer la hauteur de Süptitz.48-3 L'affaire s'engagea peu après une heure après-midi. Le feu a été affreux, et il a fallu essuyer celui de toute leur artillerie assez longtemps, avant que de pouvoir les joindre. L'affaire s'est enfin décidée entièrement sur le soir en notre faveur. Mon corps et celui de Zieten se joignirent à Süptitz, où l'armée fit halte. L'ennemi a passé l'Elbe à Torgau sur trois ponts, qu'il avait fait construire; l'obscurité de la nuit l'a sauvé. Le temps ne m'a pas permis encore d'avoir des notices tant des pertes de l'ennemi en morts et blessés que des nôtres. Il a abandonné Torgau. A vue de pays, nous avons entre 5 à 6000 prisonniers; de ce nombre sont les généraux Anger, Saint-Ignon et Migazzi. En peu de jours, je vous enverrai une relation exacte et détaillée de cette bataille.48-4

Finck,48-5 qui a été présent à l'action du 3, pourra vous faire un détail de ce qui s'est passé cette journée et durant toute la campagne

Federic.48-6

Nach der Ausfertigung im Kriegsarchiv des Königl. Grossen Generalstabs zu Berlin. Der Zusatz eigenhändig.

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47-3 Die Berichte des Prinzen Ferdinand aus dem November sind datirt vom 9. bis 12. aus Uebelgönne (vergl. S. 26), am 18. aus Uslar„, am 21. aus Hardegsen, am 25. und 26. aus Harste (nordnordwestl. von Göttingen).

47-4 Vom 5. November ein Schreiben an d'Argens, Œuvres Bd. 19, S. 203.

48-1 Prinz Ferdinand plante einen Angriff auf das Lager des Marschalls Broglie bei Cassel. Vergl. Schäfer, Gesch. d. siebenj. Krieges, II, 2, 144.

48-2 Nordwestl. von Torgau.

48-3 Westl. von Torgau.

48-4 Vergl. Nr. 12467.

48-5 Der neue Adjutant des Prinzen Ferdinand, vergl. S. 26.

48-6 Auf einem Schreiben des Herzogs Karl von Braunschweig, d. d. Braunschweig 29. October, finden sich die Weisungen für die Antwort: „Sehr obligeantes Compliment, und dass, nachdem der Himmel des Königs Waffen einen Sieg über die grosse österreichische Armee vorgestern hier bei Torgau gegeben, auch die Reichsarmee sowohl als das württembergsche Corps gleich nach der Entrée in Sachsen sich zurückgezogen, also die dortige Gefahr vor dieses Jahr von selbst vorbei sein würde und übrigens der Prinz Ferdinand seines Ortes die Franzosen wohl kurz und, zumal bei so avancirter Saison, in Ordnung halten werde.“