12490. AU PRINCE HENRI DE PRUSSE.

Meissen, 12 novembre 1760.

Je viens de recevoir la lettre que vous m'avez faite du 8 de ce mois. Attaché comme je vous connais à mes intérêts, ainsi qu'à ceux de l'État, je suis parfaitement persuadé de la part sincère que vous prenez à l'avantage considérable que j'ai remporté en dernier lieu sur la grande armée des Autrichiens sous Daun. Il est vrai, je vous l'avoue, que, dans la lettre que je vous avais faite précédemment,74-1 j'avais un peu grossi le nombre de ce que l'ennemi avait perdu à cette occasion, quand je l'avais mis à 25 000 hommes. Ce n'était point pour vous en imposer; mais comme les chemins de Glogau étaient alors mal sûrs<75> encore par les partis russes, j'avais mis ce nombre exprès, pour qu'au cas que cette lettre tombât entre les mains de l'ennemi, il en fût d'autant plus frappé. Mais sur quoi vous pouvez compter sûrement, quant au nombre, c'est au delà de 20 000 hommes que les Autrichiens ont perdus à cette journée, inclusivement 13 généraux, qui sont morts, blessés ou pris prisonniers. Outre cela, nous avons d'eux actuellement 50 canons, parmi lesquels il y a un grand mortier et 3 obusiers, et le nombre de leurs officiers prisonniers va effectivement à présent à 235 officiers, inclusivement 4 généraux, et au delà de 6000 bas-officiers et soldats de pris.

A mon approche à Meissen ils en ont d'abord retiré leur garnison, tout comme ils l'avaient fait à Torgau. Daun, qui avait pris sa retraite au delà de l'Elbe, où il s'est joint à Beck, a repassé l'Elbe de ce côté-ci, à Dresde, où ils campent derrière le Grand-Jardin, et il n'y a qu'un petit corps qui campe encore au Plauenschen Grund. J'ai avancé mes postes jusques en avant [de] Wilsdruff. J'ai fait canonner, l'autre jour, ce qu'il y avait de l'ennemi au Plauenschen Grund, qui se retira d'abord à leur armée. L'armée de l'Empire est marchée, d'abord après la bataille, vers la Franconie, ainsi que le duc de Württemberg l'a également fait avec son corps.

Il y a de l'apparence qu'ils abandonneront la ville de Dresde, et tous mes avis sont jusqu'à présent qu'ils en retirent leur artillerie et canons de fonte, qu'ils envoient en Bohême avec leur gros bagage. Leur boulangerie a été établie à Pirna, et les magasins qu'ils ont à Dresde, sont très peu considérables. Je ne saurais vous dire précisément ce qui arrivera avec Dresde; mais s'ils l'abandonnent, selon les apparences, il faut présumer que l'armée passera en Bohême et qu'ils tiendront peut-être des postes à Giesshübel,75-1 Gottleube,75-2 Stolpen et peut-être Marienberg. Il faut que cela se développe bientôt.

J'ai déjà ordonné à mon ministre de Finck de vous envoyer quelques exemplaires de la relation imprimée de la bataille de Torgau;75-3 en voici une que je vous envoie préalablement par écrit.

Federic.75-4

Nach der Ausfertigung.

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74-1 Vergl. Nr. 12460.

75-1 Vergl. S. 68. Anm. 4.

75-2 Südl. von Berggiesshübel.

75-3 Nr. 12467.

75-4 In einem Schreiben an den Prinzen Ferdinand von Preussen, vom 12. November, dankt der König dem Prinzen für seinen Glückwunsch zum Siege von Torgau und fordert ihn nochmals auf, der von den Russen drohenden Gefahren wegen seinen Aufenthalt nicht in Berlin, sondern in Magdeburg oder Stettin zu nehmen (vergl. S. 51. Anm. 1). Eigenhändig ist hinzugefügt: „Nous voici, mon cher frère, fort embarrassés encore à trouver la fin de la campagne, cependant beaucoup de probabilités me font croire que l'ennemi est sur le point d'abandonner Dresde. Mon neveu de Württemberg marche contre les Russes et les Suédois.“ [Berlin. Hausarchiv.]