12552. AU MINISTRE D'ÉTAT COMTE DE FINCKENSTEIN A MAGDEBURG.

Meissen, 28 novembre 1760.

Je viens de recevoir votre lettre du 25 de ce mois. Comme le sieur Mitchell m'a envoyé cette lettre que le Roi son maître lui a fait adresser pour moi, je lui ai envoyé incessamment après ma réponse, 124-1 pour la faire passer au plus tôt mieux à sa direction.

Je trouve l'idée que vous avez à ce sujet de la situation présente de la Diète de Suède,124-2 très bonne et digne de mon attention, de sorte que vous n'avez qu'à m'indiquer la somme en argent que vous estimerez nécessaire et suffisante pour que nous puissions emporter la supériorité contre le Sénat, et quoique les efforts que la Suède pourra faire pendant la guerre contre nous, ne soient pas des plus considérables, il vaut cependant bien la peine, dès qu'on peut être assuré de réussir, de se tirer du pied cette épine, pour avoir un ennemi de moins qui ne laisse pas d'embarrasser dans un temps où l'on ne peut leur opposer au moins quelques troupes, de sorte que j'emploierai bien à cet usage 50 ou 100000 écus et plus encore, si nous pouvons réussir par ce moyen. Une difficulté qui embarrasse, sera, comment faire pour remettre sans éclat en Suède la somme, et à qui l'on pourra la confier et donner la direction de toute cette affaire, à quoi il faut que vous pensiez et que vous m'expliquiez votre sentiment.

Quant aux troupes que j'ai détachées du côté de Nordhausen et dans ces contrées,124-3 il faut bien que je vous prévienne que je ne saurais guère faire des détachements plus forts, vu que cela m'affaiblirait trop contre un ennemi ici qui vient d'avoir quelque renfort qu'il a tiré de la Silésie. Je me flatte au moins que le détachement que j'y ai fait actuellement, y produira toujours un bon effet.

Au reste, je viens d'avoir de bonnes nouvelles de la part du lieutenant-général de Goltz en Silésie, qui, après avoir fait replier l'ennemi de Landeshut en Bohême, l'a rejeté encore de tout ce qu'on appelle les montagnes de la Silésie.124-4 L'ennemi a paru vouloir soutenir les passages de Waltersdorf124-5 et de Tannhausen124-6 qu'ils avaient — surtout le dernier — bien retranchés et y mis force troupes; mais, comme le général Goltz s'est pris de les tourner à dos et de les faire canonner de front, l'ennemi aux ordres du général Losy n'a su s'y maintenir et s'est enfui dans le comté de Glatz vers Neurode. On l'a suivi jusqu'à Kœnigswalde124-7 et, par la diligence qu'ils ont faite pour se sauver, on n'a fait que 30 prisonniers sur eux. Il a, d'ailleurs, chassé l'ennemi des villes frontières de Schcemberg, Friedland et Liebau, en sorte que dans ces contrées des montagnes tout ce qu'il y a eu d'ennemi, se trouve<125> rejeté et chassé dans la Bohême et le pays de Glatz. Laudon, avec le gros de son corps, se trouve là entre Wünschelburg et Braunau, Wolffersdorff auprès de Trautenau, et Draskowich auprès de Wartha, outre quelques détachements qu'ils tiennent encore dans la Haute-Silésie, mais dont j'espère que le général Goltz me tiendra bon compte.

Federic.

Nach der Ausfertigung.



124-1 Nr. 12550.

124-2 Vergl. Nr. 12556.

124-3 Vergl. S. 122.

124-4 Vergl. S. 121.

124-5 Südwestl.. von Waldenburg.

124-6 Ostsüdöstl. von Waldenburg.

124-7 Nordwestl. von Neurode.