12687. AU FELD - MARÉCHAL PRINCE FERDINAND DE BRUNSWICK.

Leipzig, 20 février 1761.

J'ai reçu, dans ce moment, la lettre que Votre Altesse m'a écrite du 15 de ce mois, et je ne doute pas que vous ne soyez déjà informé des bons succès que votre corps détaché aux ordres du général de Spœrcken, avec le mien sous le général de Syburg, ont eus ici contre l'ennemi; car non seulement on a chassé les troupes françaises et saxonnes d'auprès de Langensalze, en forçant le passage sur l'Unstrut, où on a détruit presque tout le corps saxon et pris au delà de 3000 prisonniers et 62 officiers avec 5 canons et 4 drapeaux, — mais encore on a occupé le poste d'Eisenach, où l'ennemi s'était retiré, de sorte que tout s'est replié vers Vacha. Les troupes de l'Empire ont évacué Gotha, et je crois que le général de Spœrcken sera aujourd'hui à Hersfeld.

Quant à vos succès, je vous félicite de tout mon cœur, tant de la prise de Fritzlar que surtout de celle de Cassel,229-2 dont la nouvelle vient de m'être marquée par une lettre d'Ellrich du 18 de ce mois.229-3 J'en suis si satisfait que nous célébrerons ici dimanche prochain cet heureux évènement par toutes les réjouissances militaires ordinaires. Je vous prie, cher Prince, de n'être pas trop sensible aux pertes que vous faites en pareilles occasions;229-4 il est impossible qu'on n'y en fasse. Il faut que vous ne vous attachiez à présent qu'à finir heureusement ce que vous avez si bien commencé. Songez, je vous en conjure, aux grands et réels avantages qui en reviendront, en considérant, primo, que la prise de Cassel avec vos autres succès dans le pays de Hesse obligeront le Landgrave à rester fermement attaché à l'alliance de l'Angleterre;229-5 qu'en second lieu les troupes de Hesse-Cassel pourront être recrutées à présent dans le pays de Hesse-Cassel; tertio, qu'à la<230> campagne qui vient vous serez dans une situation infiniment meilleure que vous n'auriez jamais été, si l'ennemi eût gardé le pays de Hesse-Cassel avec les autres postes qu'il tenait occupés, et que sûrement Gœttingue avec Münden tomberont entre vos mains; mais le principal effet qui en résultera d'ailleurs, sera que la France sera amenée à faire d'autant plus tôt sa paix qu'elle avait déjà fortement désirée, et que les négociations que l'Angleterre voudra entamer, seront secondées à tous égards par là, enfin, que tout se fera à votre propre gloire et à l'avantage de la cause commune et des affaires générales qui, sans doute, s'en ressentiront de façon que je pourrai en peu vous en féliciter cordialement. Il ne faut pas douter que vous ne rejetiez l'armée française au delà du Main et que vous ne preniez Marburg; mais je crois avoir lieu de craindre que vous ne sauriez vous emparer de Giessen encore.

Je me flatte par tout ce que dessus que vous me saurez gré de ce que je vous ai pressé à entreprendre votre expédition, bien que j'aie remarqué parfois que je vous ne faisais plaisir par là.

Vive mon cher Ferdinand! Tout ira bien, et vous aurez beaucoup d'honneur de cette belle expédition.

Federic.

Nach der Ausfertigung im Kriegsarchiv des Königl. Grossen Generalstabs zu Berlin. Der Zusatz eigenhändig.



229-2 Es war nur Fritzlar (am 15. Februar), nicht Cassel erobert worden.

229-3 Vergl. darüber Nr. 12688.

229-4 Der Prinz hatte besonders den Tod des Generals Breitenbach beklagt, der am 14. Februar bei einem Angriff auf Marburg gefallen war.

229-5 Auf einem Schreiben des Landgrafen von Hessen-Cassel, d. d. Braunschweig 16. Februar, mit der Bitte, ihn von seinem Posten als Gouverneur von Magdeburg mit Wesel gänzlich zu entbinden, finden sich die Weisungen für die Antwort: „Sehr obligeante Antwort, und dass es von ihm dependiren und er versichert sein könnte, dass ihn darunter nie geniren würde.“