12860. AU CONSEILLER PRIVÉ DE LÉGATION BARON DE KNYPHAUSEN ET AU SECRÉTAIRE MICHELL A LONDRES.

Meissen, 1er mai370-2 1761.

Selon tout ce [que] je vois et apprends, il faut bien que les sentiments pacifiques de la cour de Vienne se réduisent à très peu de chose, car Laudon vient de commencer déjà ses opérations vers la Silésie, ce qui m'oblige d'y passer avec un corps d'armée, pour y être à la défensive et prévenir tout le mal que, sans cela, l'on me saurait y faire.

J'ai appris avec douleur l'échec que les Anglais ont souffert à l'île de Belle-Isle.370-3 Je me flatte que cela rendra le ministère anglais un peu plus pliable pour la paix. Tâchez de profiter adroitement de pareilles occasions pour faire insinuer aux ministres du parti pacifique, comme le duc de Newcastle, — non directement, ni vous-même, car je sais le grand ménagement qu'il vous faut observer absolument pour le sieur Pitt, mais par main tierce ou quatrième et par des gens qui sont en crédit auprès du susdit Duc — la nécessité qu'il y a de convenir<371> d'une paix entre l'Angleterre et la France à mon inclusion et de convenir au plus tôt d'une suspension d'armes, afin que la cour de Vienne n'obtienne son grand but de détourner la France de tous sentiments pacifiques et d'agir au moins cette campagne jusqu'au bout. Ce qui exposera en grand danger tous les États du roi d'Angleterre en Allemagne et causera du regret aux ministres là de ce qu'ils n'ont pris d'abord la balle au bond à l'égard des Français. Je remets tout cela à votre sagesse et à votre zèle pour mes intérêts.

Federic.

Nach dem Concept.



370-2 Ein Schreiben an d'Argens aus dem Mai, ohne Tagesdatum, in den Œuvres, Bd. 19, S. 228.

370-3 Vergl. S. 364. 365.