12992. AU CONSEILLER PRIVÉ DE LÉGATION BARON DE KNYPHAUSEN ET AU SECRÉTAIRE MICHELL A LONDRES.

Kunzendorf, 25 juin 1761.

J'ai reçu votre rapport du 12 de ce mois, et, selon ce que vous m'y marquez du train que prend la négociation du sieur de Bussy, les apparences d'une bonne issue de cette négociation se diminuent considérablement chez moi, de sorte que je ne m'en flatte guère plus de quelque succès, ce qui s'éclaircira au retour du courrier que le sieur Bussy a dépêché à sa cour.

L'on prétend me confirmer ce que je vous ai déjà écrit,487-1 que les Français visent à la cession d'une partie des Pays-Bas, mais qu'ils n'en voudraient hasarder la demande, avant que voir plus clair sur les intentions de l'Angleterre et sur le train que les choses prendront.

Ce que vous m'avez appris au sujet des pourparlers qu'il y a eu entre le lord Granville et le sieur Bussy,487-2 a calmé tant soit peu les inquiétudes que votre rapport sur les propos extraordinaires de M. Pitt envers vous m'avait causées. Si jamais ce ministre y voudrait revenir envers vous, vous lui opposerez toujours cette garantie à laquelle l'Angleterre s'était obligée vers moi, tout comme ma dépêche d'hier487-3 vous a déjà instruit, et ajouterez qu'il m'était incroyable qu'on voudrait plaidoyer en Angleterre la cause de la reine de Hongrie, après qu'elle avait payé l'autre de la dernière ingratitude, et qu'il fallait réfléchir qu'on ne saurait avec le moindre lueur de justice prétendre de moi que je dusse perdre par la plume ce que j'avais gagné par l'épée, et que, si je voyais que mes ennemis voudraient tant parler de dédommagements et d'indemnisations, que je commencerai alors d'en parler à mon tour avec bien plus de justice qu'eux, et que, ces chimériques prétentions calculées ensemble, il se trouverait que, tout compté, l'un paierait sûrement l'autre. Mais je reviens encore à vous dire qu'il n'en résultera rien encore de cette négociation à Londres, et, quand même les choses arriveraient au point qu'on fera l'ouverture du congrès, il s'y arrêtera également rien, vu que la continuation des opérations de guerre sera<488> toujours un obstacle à ce qu'on ne saura pas convenir de quelque chose.488-1

Jusqu'à présent, tout a été encore [tranquille] ici et en Saxe; il paraît presque certain que les Autrichiens ne voudront commencer leurs opérations, avant que les Russes ne se soient avancés. Le grand but des Russes paraît être à présent le siège de Colberg qu'ils veulent faire par mer et par terre. Le gros de leur armée voudra entrer dans la Marche, pour m'y faire diversion, en attendant que Laudon voudra faire des sièges en Silésie, et Daun opérer en Saxe. J'ai pris mes mesures contre tous ces projets, autant que mes facultés me l'ont permis, et, pourvu que le Ciel me secondera et que la Fortune ne me soit absolument contraire, j'ai tout lieu de me persuader que je saurais confondre encore ces vastes complots de mes ennemis.

Federic.488-2

Nach dem Concept.



487-1 Vergl. Nr. 12986.

487-2 Die Gesandten hatten berichtet, dass Granville den französischen Unterhändler ersucht habe, „à . . ouvrir [à sa cour] les yeux sur les dangers et inconvénients de son système, à moins qu'elle ne s'affranchisse bientôt du joug que lui a imposé la cour de Vienne“ .

487-3 Nr. 12989.

488-1 Dem Gesandten Hellen schreibt der König am 25. Juni: „Je commence à croire que c'a été une illusion toute pure que ce que nos lettres nous ont appris autrefois de la grande disette en argent et en ressources où la France devait se trouver pour la continuation de la guerre.“

488-2 Dem Minister Finckenstein spricht der König am 25. Juni seine Zufriedenheit darüber aus, „que vous m'avez débarassé des instances du baron de Knyphausen pour avoir mes idées sur la pacification de l'Allemagne, par les instructions que vous lui avez fournies“ . Vergl. Nr. 12905. 12934. 12953.