<10>devez faire vos derniers efforts pour éloigner le grand-maréchal Bestushew et pour jeter hors de place le Vice - Chancelier, en quoi vous devez tâcher d'être assisté des sieurs de Brummer et Lestocq, de même que de Chétardie.

Au reste, comme je ne puis point comprendre pourquoi l'Impératrice a témoigné jusqu'à présent autant d'indulgence pour les deux frères et surtout pour le Vice - Chancelier, et qu'il faut absolument qu'il y ait quelque raison cachée, vous devez m'en instruire à fond, à la première occasion que vous aurez de le faire sûrement.1 Quant à ce que vous me mandez touchant le gentilhomme livonien Stackelberg, vous aurez déjà reçu ma dépêche par laquelle je vous ai fait instruire2 de quelle manière j'ai prévenu en cela l'Impératrice sur les instances que le comte de Tschernyschew m'en a faites; aussi est-il actuellement en arrêt et étroitement gardé à Kœnigsberg ; et sur ce que vous me mandez que l'Impératrice désire qu'il soit envoyé en cachette à Riga, je viens de donner mes ordres3 que ledit Stackelberg doit être escorté sans bruit à Memel, où il sera bien gardé en cachette jusqu'à ce que l'Impératrice aura réglé le jour où un détachement de la garnison de Riga pourra venir le prendre aux confins de la Russie, dont vous ne manquerez point d'avertir le commandant de Memel, le lieutenant-général de L'Hôpital, à qui mes ordres sont donnés que, sur une lettre de votre part à lui, il doit envoyer ledit Stackelberg sous une bonne escorte à ce lieu que vous lui marquerez, pour être livré là au détachement russien qui viendra pour le prendre.

Touchant la princesse d'Anhalt-Zerbst, je veux bien vous avertir qu'elle est arrivée, depuis avant-hier au soir, ici et qu'elle se mettra incessamment en chemin, avec la Princesse sa Fille, pour faire le voyage vers Pétersbourg de la manière que l'Impératrice l'a ordonné. Comme cette Princesse est fort portée pour mes intérêts, vous ne manquerez point de lui prêter votre assistance en tout où elle en pourrait avoir besoin, et de lui fournir toutes les lumières qu'il faut pour qu'elle soit bien au fait de ses affaires et pour savoir de quelle manière elle aura à se gouverner là où elle va; outre cela, comme il y a lieu à espérer qu'elle se mettra parfaitement bien dans l'esprit de l'Impératrice, vous.



1 Mardefeld berichtet, 17. Februar: „Il est avéré que l'Impératrice n'aime pas le Vice-Chancelier et que même elle n'a aucune confidence en lui; cependant, elle a de la peine à prendre la résolution de l'éloigner, parcequ'en premier lieu elle présume qu'il est au fait de la connexion des affaires publiques, et, en second lieu, parce qu'elle manque de sujet pour le remplacer, tout chétif qu'il est; le procureur général, knès Trubezkoi, est le seul qui y serait propre. Il n'est pas décidé si l'on gagnerait au troc ; le dernier, en possédant quasi tous les vices du premier, a bien plus d'esprit, de hardiesse et d'appui, et deviendrait avec le temps bien plus dangereux que le Comte.“

2 Durch einen Erlass aus dem Ministerium, d. d. Berlin 24. Dec. 1743. Stackelberg, der sich in Königsberg aufhielt, hatte nach der Angabe des russischen Gesandten in Berlin die Aeusserung fallen lassen, dass eine Revolution in Russland bevorstehe.

3 An den General von Flanss in Königsberg (Berlin, 13. Jan.).