<133>chant les opérations militaires, je le trouve bien pensé; mais, pour mettre le roi de France bien au fait sur la manière que je médite de faire mes opérations, j'en joins ici le projet, duquel vous ne manquerez pas de faire l'usage convenable, afin qu'en combinant ce plan avec l'autre que vous m'avez envoyé, on puisse convenir exactement sur ce que les parties alliées belligérantes auront précisément à faire, concert qui est d'autant plus nécessaire que sans cela nous ne ferions rien qui vaille. Un des articles que je vous recommande le plus, est qu'on tâche d'éloigner autant qu'il est possible les troupes autrichiennes de la Bohême, et qu'on les empêche, s'il est possible, de pouvoir se porter à Prague avant que j'aie pris cette ville; puisque autrement tout mon plan courrait risque d'échouer; mais d'abord que je serai maître de Prague, les Autrichiens n'auront qu'à venir.

L'article de gagner le roi de Sardaigne et de l'attirer dans notre parti, serait un grand coup et peut-être plus aisément à faire qu'on le croit, si la France pouvait disposer la reine d'Espagne de ne traiter plus si rudement le Roi de Sardaigne qu'elle l'a fait par le temps passé, et de lui faire encore quelques cessions outre celles qu'il a eues par le traité de Worms.

Quand je parle, dans mon projet du traité à faire avec la France, des enclavures de la Moravie, il faut que je vous dise pour votre instruction que ce n'est proprement que le petit district de Hotzenplotz avec ses appartenances, qui est dans la Haute-Silésie, mais qui relève proprement de la Moravie et que les Autrichiens se sont stipulé exprès par le traité de Breslau.

Au reste, vous ne manquerez de vous concerter sur tout ce que dessus avec le sieur de Chambrier.

Federic.

Mémoire.

La première chose que la cour de Vienne fera, quand elle se verra attaquée par la Prusse, sera d'offrir des conditions extrêmement avantageuses à la France. Sur ce sujet, on compte sur le roi de France, comme sur un fidèle allié, et qui n'oubliera pas son grand intérêt, qui est l'abaissement de la maison d'Autriche, surtout en Allemagne, sans se laisser éblouir par des offres spécieuses. Si la cour de Vienne ne voit pas jour de réussir de ce côté-là, la cour de Londres et la cour de Vienne se tourneront du côté des Espagnols, pour les détacher de l'alliance avec la France. En quoi je crois qu'il sera bon que la France ait un œil vigilant et une attention extrême.

Quant aux affaires d'Italie, il me semble que pour se faciliter une sûre réussite de ces opérations, il serait d'une nécessité absolue de gagner le roi de Sardaigne, sans quoi il me paraît qu'il y aura toujours des difficultés infinies de réussir en Italie, et que par conséquent l'alliance d'Espagne ne sera qu'à charge aux autres parties belligérantes. Mais que, si l'on cède au roi de Sardaigne quelque chose de plus qu'il