<274>un peu fortes que j'ai été obligé de faire pour arriver ici, et pour avoir été occupé à faire les arrangements nécessaires pour faire le siége de Prague. Préalablement et en général, il faut que je vous dise que j'ai été très satisfait de tous les mouvements que vous vous êtes donnés pour pousser bien fort à la roue, afin qu'on ne s'amollisse pas de la part de la France et qu'on fasse tous les efforts pour remplir tous les engagements, soit du côté de l'argent, ou des opérations qu'on a promis de faire, et je ne vous désavouerai jamais sur les fortes représentations que vous avez faites à ces sujets ; aussi vous ne discontinuerez point de pousser bien à la roue, pour qu'on n'agisse pas mollement et à la façon de Broglie, mais qu'on remplisse avec vigueur tout à quoi on s'est obligé.

Quant au projet que vous et le sieur de Chambrier m'avez envoyé par rapport aux affaires de Russie, je me suis expliqué là-dessus dans la dépêche d'aujourd'hui que j'ai faite au sieur de Chambrier, à qui j'ai adressé aussi une lettre au roi de France,1 dont il ne manquera pas de vous communiquer le contenu, touchant le sieur de Bernstorff. J'ai adressé tout exprès ladite lettre au sieur de Chambrier, pour que vous ne soyez nullement commis avec le maréchal de Belle-Isle2 sur ce sujet. Vous savez ce que je pense sur la manière d'agir du maréchal de Noailles lorsque les Autrichiens ont repassé le Rhin, mais, comme la faute est faite et qu'il la faut boire, j'espère que vous n'aurez point' manqué d'insister fortement qu'on l'ait redressée par une poursuite vigoureuse de l'armée autrichienne vers la Bavière, surquoi n'ayant eu point de nouvelles jusqu'ici, j'en attends les vôtres avec bien de l'impatience. Si du Mesnil arrive ici, je le saurai recevoir comme il le mérite. Je souhaiterais fort que le cardinal Tencin, à qui je vous adresse la lettre ci-close,3 puisse prendre pied, et, homme de tête et de cœur qu'il est, je m'en promettrais beaucoup de bien pour la cause commune, surtout si le sieur de Chavigny était mis alors au poste de secrétaire d'État, ce dont je ne puis pas me mêler pourtant, pour ne pas donner des soupçons au roi de France comme si je voulais me mêler à régler son domestique.

Sur ce que vous me mandez dans votre lettre du 30 d'août passé, sur la manière dont j'aurais à régler nos opérations en Bohême, tout ce que vous y dites est bon, mais comme les affaires se représentent bien autrement, lorsqu'on est éloigné, que quand on est sur les lieux, je ne saurais vous cacher qu'il n'est pas possible d'aller si vitement comme vous paraissez le croire, et qu'on trouve mille difficultés à surmonter, qu'on ne peut voir quand on n'est pas sur les lieux.

Il y a, par exemple, le transport de la grosse artillerie, qui, après mille difficultés que j'ai eues pour faire nettoyer l'Elbe des arbres et des vaisseaux que les Autrichiens y avaient enfoncés, et après d'autres



1 Nr. 1565.

2 Freund Bernstorff's.

3 Wie oben S. 194 Anm. 3.