<277>les ordinaires, le journal de ma campagne en Bohême, pour que vous le fassiez imprimer, ou préveniez au moins les fausses nouvelles qu'on voudra débiter, et je tâcherai de me servir du maître de poste Krause qui vient d'arriver ici. Je suis fort content des arrangements que vous avez pris pour être au fait de la rétrogradation du prince Charles, et vous témoignerez ma reconnaissance au prince de Thurn et Taxis de l'attention qu'il a bien voulu avoir pour moi sur ce sujet. J'espère que les maîtres des postes exécuteront exactement ce que ledit prince leur a ordonné, quoique, jusqu'à présent, il ne m'est rien revenu de leur part. Le courrier que le maréchal de Seckendorff m'a envoyé, est arrivé, mais jusqu'à présent il s'est tenu si clos et boutonné que je ne sais pas encore en quoi peuvent consister ses commissions.

J'aurais souhaité que le maréchal de Noailles eût fait plus d'efforts pour arrêter l'armée autrichienne au repassage du Rhin; ce qui s'est passé avec leur arrière-garde démontre clairement combien il aurait été facile de les embarrasser, si on avait, fait ce qu'on aurait dû faire; mais comme ledit maréchal a perdu ce moment favorable, il faut voir à présent ce qu'on fera à la poursuite de l'armée ennemie pendant la marche qu'elle fera vers la Bavière; comme je n'ai point eu des nouvelles là-dessus, je n'en ai point grande opinion. En attendant, je me réjouis de l'exactitude avec laquelle le prince Guillaume de Hesse et les Palatins remplissent leurs engagements. Sur ce qui est des affaires de Wurtemberg, je viens d'écrire là-dessus au maréchal de Noailles, et le comte de Schmettau a ordre d'en parler au Roi même.

Touchant la prise d'Ulm, il faut que je vous dise que j'aurais mieux aimé qu'on eût pourvu l'armée impériale de grosse artillerie par d'autres moyens, et il ne saura pas manquer qu'une prise de force d'une ville de l'Empire révoltera infiniment les États bien intentionnés de l'Empire. Je souhaite ainsi qu'on trouve encore des autres expédients, et j'écris dans ce sens au comte de Schmettau, à qui j'ai ordonné, outre cela, de ne laisser absolument pas tomber la marche promise vers l'Hanovre. Bien que j'estime infiniment les mérites du sieur de Chavigny et que je conçoive parfaitement le bien qui en résulterait pour la cause commune, si ce digne ministre était en poste, je ne saurais pourtant pas hasarder de m'ingérer si avant dans les affaires domestiques du roi de France pour lui prescrire les gens qu'il fallait mettre à la tête des affaires, puisque cela ne laisserait pas de le révolter. J'espère beaucoup du cardinal Tencin, homme de tête et de cœur, qui vient d'arriver auprès du Roi son maître, et à qui celui-ci commence à témoigner beaucoup de confiance; et comme il est uni avec Belle-Isle et d'Argenson, amis du digne Chavigny, je crois que celui-ci parviendra, à la fin, au poste qui lui convient. Quant à l'argent à fournir à l'Empereur, on m'a écrit et assuré positivement que la France y avait pourvu; ce que je crains seulement, c'est qu'il n'y ait une mauvaise administration des sommes que la France fait payer à l'Empereur, et qu'on en fasse un autre usage que