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1610. AU MINISTRE D'ÉTAT COMTE DE PODEWILS A BERLIN.

Camp de Konopischt, 20 octobre 1744.

J'ai lu ce que vous m'avez mandé dans votre chiffre en date du 6 de ce mois. Vous jugez fort bien des choses; si j'avais soupçonné la perfidie des Saxons, j'aurais pris des mesures toutes différentes; ils ont causé que je me suis rapproché de Prague, pour m'assurer la possession de cette ville, qui est toujours le principal objet dans ce pays-ci. Je me flatte encore que les 150,000 écus dont Mardefeld est dépositaire, pourront faire de l'impression en Russie. Il faudra voir comment on mettra les fers au feu, pour préparer les matériaux de la pacification d'Allemagne. J'écris aujourd'hui au roi de France, pour le presser d'envoyer ses Français à Hanovre, ce qui ne pourra se faire qu'à la fin de novembre, après la prise de Fribourg. Attendons ce temps, je compte d'être alors à Berlin et de pouvoir prendre avec vous des mesures ultérieures, pour parvenir à ce but. En attendant, je prendrai ici tous les arrangements nécessaires pour en débuter, l'année qui vient, en cas que toutes les autres cordes de mon arc vinssent à manquer. Et sur cela, je prie Dieu etc.

Federic.

Voilà Moïse et les prophètes.

Nach der Ausfertigung (praes. 1. Nov.). Der Zusatz eigenhändig.


1611. AU ROI DE FRANCE AU CAMP DEVANT FRIBOURG.

Camp de Konopischt, 20 octobre 1744.

Monsieur mon Frère. J'ai reçu la lettre de Votre Majesté, avec la double satisfaction de voir Sa santé entièrement rétablie et de La savoir contente de mes opérations.

Depuis ma dernière lettre, les choses sont bien changées; les Saxons ont envoyé un secours de 20,000 hommes à la reine de Hongrie, qui ont voulu marcher droit à Prague, ce qui m'a obligé de quitter mes autres desseins et de m'approcher de Prague, pour couvrir cette capitale. Je ne puis nier que ceci ne me fait beaucoup de peine, mais Votre Majesté peut tout réparer, et cela d'une façon sûre et certaine; sans quoi, je dois Lui dire d'avance, avec toute la sincérité et vérité possible, qu'il ne faut pas se flatter que nos affaires aillent bien. Il s'agit donc si Elle voulait Se résoudre d'envoyer ce corps de Ses troupes qui réduit le Brisgau, cette opération finie, tout droit dans le pays d'Hanovre, où il n'y a aucun ennemi; ceci obligera dès le moment le roi d'Angleterre de demander la paix, et, comme ce Prince est l'arc-boutant de la reine de Hongrie, Votre Majesté est par ce moyen l'arbitre de rendre la paix à l'Europe, le printemps qui vient, sans quoi, en vérité, nous devons tous craindre que le nombre de nos ennemis n'augmente,