<307>de mes intentions. Mais que, pour arriver à ce but salutaire, il serait absolument nécessaire que Sa Majesté Impériale Russienne rectifiât la Saxe, pour que celle-ci retirât le secours qu'elle venait de prêter à la reine de Hongrie, qui par là ne deviendra que plus roide et inflexible qu'elle n'a été jusqu'à présent. Que j'ai bien des raisons pour me plaindre de la conduite que la cour de Dresde a tenue jusqu'à présent à mon égard, étant assez informé des plans qu'elle a proposés pour m'entamer, mais que je me promets de l'amitié de l'Impératrice qu'elle saurait tenir cette cour dans des bornes d'une exacte neutralité.

Vous ne manquerez pas de faire usage de tout ceci, autant que vous le trouverez convenable, et l'habillerez d'une façon que vous croyez la plus propre pour le faire goûter à ce ministre.

Mes plus grandes espérances se, fondent qu'après le retour de la cour de Kiovie vous aurez trouvé moyen de vous concerter avec vos amis et de rectifier le Vice-Chancelier, si pendant son absence il avait, comme je crains, pris des sentiments contraires à mes intérêts. Vous lui peindrez la conduite de la Saxe, telle qu'elle est, et lui ferez considérer si ce n'était la Saxe qui venait m'attaquer de gaîté de cœur, sans rime et sans raison; qu'il conviendrait que, si la Saxe m'attaquait ou continuait à agir si hostilement contre moi, je serais forcé à la fin de me défendre, et que je n'aurais d'autre parti à prendre que de la prévenir : ce qui entraînerait infailliblement, quoique contre mon gré, le théâtre de la guerre dans la Saxe. Qu'en considération de l'Impératrice, je ne viendrais jamais à une pareille extrêmité, si je ne m'y voyais pas forcé par une nécessité indispensable, mais que, pour éviter tous ces inconvénients, je me promets que le Vice-Chancelier voudrait bien contribuer de son mieux auprès de sa Souveraine afin qu'elle obligeât la cour de Saxe de ne pas témoigner tant de mauvaise volonté contre moi, de même de se tenir hors du jeu et de retirer ses troupes qu'elle a données à la reine de Hongrie. Vous ajouterez encore d'une manière convenable que, si l'on ne mettait pas la Saxe hors du jeu, et que celle-ci m'assaillirait comme elle a commencé, je ne pourrais pas me dispenser de réclamer l'assistance de l'Impératrice, selon nos traités ;1 que je suis d'autant plus en droit de demander cette assistance, qu'on avait fait assurer au roi d'Angleterre qu'on lui le enverrait secours stipulé par les traités, quoiqu'il ne fût attaqué de personne soit en Angleterre soit dans ses possessions en Allemagne, au lieu que, la Saxe s'acharnant partout contre moi, je suis la partie lésée. Que tout cet embarras cesserait, si l'Impératrice retenait la Saxe de ne pas se mêler de la guerre présente.

J'espère que ces représentations ne manqueront point de faire un bon effet sur l'esprit du Vice-Chancelier, surtout quand vous y ajouterez ce que vous savez.

Au reste, comme je m'aperçois que l'éloignement de la cour de



1 Vergl. Bd. II, 312 Anm. I.