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en même temps Ses propres intérêts, sans donner attente à Sa neutralité ni au traité de Breslau, pour concourir au rétablissement de la paix dans l'Empire, il avait trouvé pour infaillible, et c'était aussi l'idée de son maître, savoir que les Français formeraient sur le Rhin une armée d'environ 80,000 hommes, qui sera commandée par le maréchal de Noailles et le comte de Saxe ; une autre, pas moins respectable, sur la Meuse sous le commandement du maréchal de Belle-Isle . . . qu'il faudrait former dans l'Empire une ligue, entre Votre Majesté et quelques autres princes, et assembler une armée en conséquence. Cette ligue se formant pour le rétablissement de la paix dans l'Empire, d'autres princes s'y joindraient, et que cette ligue devrait députer vers la reine de Hongrie pour lui représenter que, pour faire cesser la guerre dont l'Empire est déchirée, on espérait que cette Princesse voudrait bien reconnaître l'Empereur et lui restituer incessamment ses États patrimoniaux, et que pour ce qui regardait les différends entre l'Empereur et elle, cette Princesse pourrait les porter à la médiation de l'Empire.... Qu'on pourrait commencer par Votre Majesté, la Hesse, la Bavière, l'Electeur palatin, les maisons de Baireuth et d'Ansbach; qu'il faudrait alors que la France entrât dans la ligue, sur le pied de garante de la paix de Westphalie.“1

mois, elle avait eu trois ou quatre plans différents des opérations de guerre, dont le premier avait été de faire une guerre offensive en Flandre, de prendre Mons et de se tenir à la défensive sur le Rhin ; le second, de garder une armée défensive en Flandre, d'assiéger Fribourg, et de faire pénétrer un corps d'armée jusque dans les États d'Hanovre; le troisième, ou plutôt le quatrième, était celui que Chavigny venait de proposer; que je ne savais que penser de tant de changements de plan, et qu'il serait obligé de convenir lui-même qu'on ne saurait jamais répondre de gens qui par des changements si fréquents faisaient tant remarquer leur incertitude et faiblesse dans les mesures ; que j'étais fâché de me voir obligé de dire à Chavigny qu'il était dupe du ministère français, et que celuici n'avait tardé jusqu'à présent d'accorder l'argent pour les troupes hessoises que par ce qu'il avait craint de trouver trop de facilité pour y réussir, et que, s'il accordait à présent ces subsides, c'était sur des nouvelles positives qu'il avait reçues de Londres que dans le parlement l'affaire des subsides avait été réglée avec la Hesse, et qu'il me semblait que ce jeu n'était pas assez fin pour qu'on ne pût pas s'en apercevoir; qu'outre cela, si l'on examinait le plan de Chavigny, il ne serait autre chose, tout naturellement considéré, que de laisser les armées françaises de 330,000 hommes défensives, et de former une faible ligue de quelques princes de l'Empire, pour les charger de l'exécution des volontés de la France, dont celle-ci ne voudrait pas courir les hasards elle-même ; qu'à la vérité, je m'étais engagé d'entrer dans une association à former entre les cercles de l'Empire, mais que c'était bien différent de la ligue que Chavigny proposait; que selon les lois de l'Empire cette association serait loyale, et que les maisons associées ensemble, avec celle de la maison palatine, auraient formé un corps respectable qui pourrait alors



1 In einem Bericht vom 8. Februar schreibt Klinggräffen, die von Chavigny geplante Ligue werde dem Rheinbunde von 1658 gleichen.