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1639. A L'IMPÉRATRICE DE TOUTES LES RUSSEES A MOSCOU.

Schweidnitz, 6 décembre 1744.1

Madame ma Sœur. J'ai appris avec bien de la douleur que mes ennemis se sont servis de toutes sortes d'artifices et de calomnies pour interrompre la bonne union et l'alliance qui subsiste si heureusement entre Votre Majesté Impériale et moi; mais je me flatte en même temps que Votre Majesté Impériale connaîtra assez la duplicité et la fourberie du ministère de Dresde pour ajouter foi à ses insinuations. Le roi de Pologne n'a jamais témoigné de l'attachement pour le gouvernement de Votre Majesté, et il est en vérité connu de presque toute l'Europe que, s'il le pouvait (vu son union avec la reine de Hongrie), il serait contraire aux arrangements que Votre Majesté Impériale a pris en faveur du Grand-Duc, Son neveu. Que Votre Majesté considère la conduite du roi de Pologne, qui élut l'Empereur l'année 1741 et lui donna des secours contre la reine de Hongrie, et qui à présent donne des. secours à la reine de Hongrie contre ce même Empereur, que la reine de Hongrie avait forcé d'abandonner ses propres États. Pour moi, qui n'ai d'autre but que le bien et le repos de ma patrie, je n'ai pu souffrir que la reine de Hongrie foulât aux pieds les lois de l'Empire, qu'elle chassât d'Allemagne un empereur que tout l'Empire a élu. Je me suis joint à ce prince malheureux, pour le tirer de la situation désespérée où il était, et pour rétablir une paix équitable et sûre. Comme c'est la querelle d'un empereur, les empereurs et les impératrices devraient l'embrasser; aussi n'y aurait-il rien de plus glorieux pour Votre Majesté Impériale que si Elle voulait joindre Ses bons offices à ceux des autres pour la pacification générale. L'Empereur Lui devrait le recouvrement de son patrimoine et son établissement, et le roi de Pologne serait obligé de rougir des vains et mutiles efforts qu'il aurait faits pour reculer la paix. Il ne manque au règne glorieux de Votre Majesté Impériale que cette espèce de gloire-là; je La prie d'être persuadée que j'y prends plus de part que personne, que de tous mes alliés Votre Majesté Impériale m'est la plus chère, et que Votre Majesté Impériale reconnaîtra toujours que ce que mes envieux et mes ennemis Lui insinuent contre moi, ne sont que de noires calomnies pour La brouiller avec Son plus sincère, Son plus naturel et Son plus fidèle allié. Je suis à jamais, Madame ma Sœur, de Votre Majesté Impériale le bon frère et fidèle allié

Federic.

Nach Abschrift der Cabinetskanzlei.



1 Der in den Œuvres de Frédéric le Grand XXV, 587 abgedruckte Brief an die Kaiserin von Russland ist ein nicht zur Verwendung gekommener erster Entwurf.