<344>puis, vers Prague, sans aucun empêchement; une avant-garde composée de quatre régiments de hussards et de quatre bataillons de grenadiers précédait sa marche d'une journée et ramassait, en chemin faisant, les subsistances dont les troupes avaient besoin. Dans toute cette marche, on n'a eu d'autres nouvelles du comte de Batthyany — qui, au bruit de notre marche, était entré en Bohême avec un corps de r3,ooo hommes — que par un détachement du régiment de Zieten qui surprit et défit1 200 hommes du régiment de Baranyay, que M. de Batthyany avait envoyé à Munzifay, petit bourg non éloigné des rives de l'Égra; les prisonniers, au nombre de cinquante, déposèrent que l'ennemi était aux environs de la Beraun. Nous arrivâmes, le 2 de septembre, aux environs de Prague, après une marche longue et difficile, dans un temps pluvieux, de façon que le 3 et le 4 furent employés à faire la circon-et contrevallation de la ville. Le corps du maréchal de Schwerin et celui du prince Léopold étaient arrivés le 1er de septembre.

Les ponts de communication étaient jetés sur la Moldau, et il ne manquait plus que la grosse artillerie pour commencer le siége. L'Elbe n'est navigable que jusqu'à Leitmeritz, et de là on était obligé de faire le transport du canon, des munitions de guerre et de bouche, par charroi, ce qui emporta huit jours de temps, pendant lesquels on fit les fascines et les autres arrangements necéssaires pour l'ouverture de la tranchée. Je reçus, entre ce temps, l'avis, par un de nos espions, que le comte Batthyany faisait amasser de gros magasins à Beraun, et que ces magasins n'étaient gardés que par 1000 hommes, ce qui me fit naître le dessein de m'emparer de ce poste et de déranger par là considérablement les desseins des ennemis. Le général Hacke fut commandé pour cet effet, avec cinq bataillons et 600 hussards, et eut l'ordre d'emporter ce poste. Il se trouva que l'ennemi en eut des nouvelles, et, quoique ce plan fût assez bien concerté, le général Hacke, après avoir emporté la porte de la ville du côté du pont, se vit obligé à se retirer, voyant deux corps considérables de cavalerie qui passaient la Beraun pour le prendre dans ses derrières; il perdit un canon à cette retraite, dont les roues furent cassées; il se posta ensuite sur une hauteur où il soutint six heures de suite l'attaque des cuirassiers et des pandoures, et, après les avoir repoussés par cinq différentes reprises, il les poursuivit et les chassa de l'autre côté de la rivière. Je fus averti à midi que le corps du général Hacke était environné, que le nombre des ennemis augmentait et qu'il avait besoin de secours. J'y marchais en personne avec 50 escadrons et 16 bataillons; nous arrivâmes, à dix heures, au-delà des plaines d'Unhoscht, à l'embouchure du défilé, et J'appris que l'affaire s'était heureusement passée à notre avantage, quoiqu'à la vérité le but de l'expédition se trouvât manqué.2

Nous avons eu le malheur, durant cette campagne, que les gens



1 29. August.

2 6. September.