<379>dinaires, que vous ne fassiez entendre en toute occasion aux membres modérés de la régence que j'étais trop persuadé de la prudence des États pour douter qu'ils ne s'appliquassent plutôt à chercher des moyens et des expédients pour terminer promptement la guerre sanglante d'à présent, également onéreuse et ruineuse pour toutes les parties intéressées, qu'à en étendre davantage l'embrasement; que ni moi ni mes alliés nous n'avions jamais été éloignés de donner les mains à un accommodement raisonnable ; que nous n'aurions même pas manqué d'en faire des ouvertures à la République, si nous eussions pu nous assurer qu'elle fût assez maîtresse d'elle-même pour les examiner et peser mûrement et sans prévention, et qu'elle eût la sérieuse intention de travailler cordialement à l'œuvre de la pacification et de contribuer tout ce qui dépendait d'elle pour en faciliter la conclusion; que les démarches présentes de la cour de Vienne et particulièrement son manifeste adressé aux habitants de la Silésie, qui seul suffirait à justifier mes dernières résolutions, montraient suffisamment qu'elle n'a été jamais sérieusement intentionnée de s'en tenir aux dispositions du traité de Breslau; que son unique but a été constamment et est encore d'opprimer et d'écraser l'Empereur aussi bien que moi, et de remettre en activité son ancien despotisme sur les membres de l'Empire; que pour parvenir à cette fin, elle se prévalait habilement de l'animosité des Puissances maritimes contre la France, et qu'aussi longtemps que celles-ci se trouveraient en humeur de mettre la nappe et de fournir de l'argent et des troupes, elle ne se lasserait jamais de la guerre ni n'entendrait à aucune pacification équitable. Que je regardais comme un grand malheur que les États n'avaient jamais voulu se résoudre de s'expliquer confidemment envers moi sur quel pied ils croyaient que la tranquillité générale pût et dût être rétablie, étant persuadé que cela m'aurait fourni moyen', pour peu que les conditions de paix eussent été équitables, de les faire goûter à mes alliés, d'autant plus que je ne prétendais absolument rien pour mon particulier ni n'avais d'autre vue que d'assurer ma propre sûreté, la conservation de l'Empereur et le maintien du système de l'Empire : objets qui ne pouvaient certainement pas être indifférents à la République même; que l'affaire n'était pourtant pas encore désespérée, et que, si les Régents bien intentionnés voulaient m'indiquer en confiance, quand ce ne serait que d'une manière indirecte, les conditions que l'Empereur et ses alliés pourraient proposer avec apparence de succès à la République, j'avais lieu de me flatter d'en pouvoir faire un usage très salutaire, sans commettre en aucune façon les Régents qui m'en auraient donné ouverture; que cependant on se tromperait fort, si l'on s'imaginait que moi et mes alliés nous ne cherchions la paix que faute de pouvoir continuer la guerre; que l'événement ferait voir la fausseté de cette persuasion et que malgré les rodomontades des Autrichiens mes affaires n'étaient pas tellement délabrées que je ne me trouvasse à même, Dieu merci, d'ouvrir de bonne heure la campagne prochaine à