<381>diquer — mais encore d'exterminer lui et sa maison du territoire de l'Empire et de la transporter à Naples; que le même ministre n'avait pas plus dissimulé ses mauvaises intentions à mon égard; que la manière hautaine et méprisante dont il en avait agi envers mon ministre durant les conférences de Hanau, les ressorts qu'il avait fait jouer tant en public que secrètement pour m'exclure tout-à-fait, contre la parole expresse du Roi son maître,1 des négociations pour la paix générale, et la disposition du traité de Worms, regardé et prôné par le lord Granville comme son chef d'œuvre et la base de la future pacification, sans compter une infinité d'autres particularités, étaient des preuves évidentes de la collusion de ce ministre avec la cour de Vienne, pour me frustrer de la Silésie malgré la garantie britannique, aussitôt qu'on aurait arrangé à sa façon les affaires de l'Allemagne ; que toutes ces manœuvres, me mettant, pour ainsi dire, le couteau sur la gorge, m'avaient déterminé contre mon inclination à prendre les résolutions présentes, et qu'à moins de regarder avec indolence les approches de ma propre ruine et de celle de l'Empereur, et de nous voir l'un et l'autre sacrifiés aux vues ambitieuses de la cour de Vienne, il m'avait été impossible de choisir un autre parti, quelque douloureux qu'il me fût de me trouver en opposition avec l'Angleterre; que cependant le juste mécontentement que la conduite du ministère britannique d'alors m'inspirait, n'avait pas à tel point affaibli mon amitié pour cette couronne et mon estime pour la nation anglaise, que je ne lui eusse sacrifié tout mon ressentiment, aussitôt que son gouvernement fut menacé du moindre danger, m'étant généreusement offert à la première sommation non seulement de faire marcher le contingent auxiliaire stipulé par nos traités, mais encore d'en fournir le triple et. de me mettre moi-même à la tête ;2 que mes sentiments à cet égard étaient constamment les mêmes, et que, pourvu que j'y puisse trouver ma propre sûreté et le maintien du chef suprême de l'Empire, je ne balancerais pas un moment de renouer les anciennes liaisons avec la Grande-Bretagne et de travailler de concert avec elle au rétablissement de la tranquillité générale, aussitôt que le ministère britannique voudrait s'ouvrir confidemment envers vous sut les moyens de parvenir à ce but salutaire, à l'égard desquels il ne se trouverait absolument aucun obstacle de ma part, d'autant que je n'y apportais point de vues intéressées, ni ne demandais autre chose que d'être maintenu dans mes possessions.

Cependant, afin que le ministère britannique n'attribue pas à ma faiblesse ou à l'impuissance de continuer la guerre les sentiments pacifiques que je vous ai chargé de lui marquer, vous aurez soin de lui faire entendre qu'on devait bien se garder d'ajouter trop de créance aux fanfaronnades ordinaires de la cour de Vienne sur les pertes que j'avais faites en Bohême; que l'événement en ferait voir la fausseté et



1 Vergl. Bd. II, 391. 402.

2 Vergl. oben S. 104.