<72>son armée de la Moselle ou du Main en Westphalie, pour couper les Hanovriens de l'électorat d'Hanovre. Quoique je croie que, si elle marchait tout droit dans le pays d'Hanovre, elle l'aurait au même prix ;

5° Que, quand tout sera réglé de cette façon, j'entrerai au mois d'août avec un puissant corps d'armée en Bohême, je prendrai Prague et tâcherai de m'emparer de Budweis, et marcherai vers Pilsen, où je combattrai l'armée autrichienne, si je la trouve dans mon chemin, pour prendre alors les quartiers d'hiver en Bohême. Il ne faut pas oublier qu'en même temps que j'agirai en Bohême, je ferai entrer un corps de 24,000 hommes en Moravie, pour prendre Olmiitz;

6° Que mon alliance avec la France réglée sera tenue bien secrète, et qu'elle ne doive être publiée, ne paraisse point comme la raison qui me fait opérer, mais que plutôt le prétexte de mes opérations sera le traité d'union confédérale que je vais conclure avec l'Empereur et quelques autres États de l'Empire pour le maintien de l'Empereur, pour le rétablissement du repos dans l'Empire et pour pacifier l'Allemagne, dont le sieur de Chavigny n'aura pas manqué de mander à sa cour toutes les circonstances;

7° Lorsque l'armée autrichienne quittera le Rhin, il la faut d'abord faire suivre par l'armée impériale, pour reprendre, en même temps que je combattrai celle d'Autriche, la Bavière;

8° De la manière susdite, une alliance avec l'Empereur et la France ira fort bien, mais comment puis-je procurer à l'Espagne les conditions que les ministres de la France me demandent ? à quoi je ne saurais prêter la main, ne voulant promettre rien de plus que ce que je puis réaliser. Tout ce que je puis faire, c'est de pousser jusqu'au Danube et de ne faire la paix que lorsque l'Empereur, la France et moi serons satisfaits. Pour moi, je suis persuadé qu'une bonne bataille gagnée et une marche vigoureuse de mes troupes et de celles de l'Empereur, les unes aux confins de la Bohême, à l'Autriche, les autres jusqu'à Linz tandis que les armées de la France agiront en même temps avec vigueur dans le Brabant, au Rhin et en Italie, sans que mes opérations déroutent celles de la France en rien — finirait la guerre, puisqu'on ôtera par là à la maison d'Autriche les ressources pour continuer la guerre.

Quant au dessein que la France a de faire marcher la Suède, je crois qu'elle y réussira présentement assez facilement, à l'occasion du mariage qui vient d'être conclu entre l'héritier de la couronne et entre ma sœur, la princesse Ulrique.

Voilà le précis de mes sentiments, sur lequel vous devez vous régler, et vous concerter avec le sieur de Chambrier sur la manière la plus convenable et la plus sûre qu'il vous faut prendre pour entrer en matière avec les ministres de France, et pour préparer les matériaux pour cette alliance; cela fait, on pourra de la part de la France faire le projet de notre traité et me l'envoyer, pourque j'y puisse acquiescer ou