<76>en est qu'après que j'aurai fait mon traité avec la Russie et la Suède, que j'aurai vu les Français opérer avec vigueur, et que je pourrai faire ma convenance avec Sa Majesté Impériale, je commencerai à agir, dans le mois d'août. D'abord que mes troupes commenceront leur marche, il sera nécessaire que la France fasse marcher son armée de la Moselle en Westphalie, dans le pays de Munster et aux environs, pour couper l'électorat d'Hanovre, ou, s'ils veulent faire les choses de meilleure grâce, tout droit dans le pays d'Hanovre.

Il est à présumer qu'aussitôt que j'entrerai avec un puissant corps d'armée dans la Bohême, les Autrichiens retireront leur armée du Rhin et qu'ils marcheront par la Bavière vers la Bohême. C'est pourquoi mon intention est de prendre Prague, de tâcher à m'emparer de Budweis et de Tabor, avant que l'armée autrichienne puisse occuper ces deux postes si avantageux, et de marcher alors vers Pilsen, pour y attendre l'armée autrichienne et la combattre. Tandis que je ferai ces opérations en Bohême, un autre corps de mes troupes entrera dans la Moravie, pour prendre Olmütz et pour inquiéter ce pays, afin que les Autrichiens n'en puissent tirer ni subsistance ni en avoir ressources. Lorsque l'armée autrichienne quittera le Rhin pour venir à moi, il faudra que l'armée impériale la suive alors incontinent pied à pied, pour reprendre la Bavière pendant le temps que je me chamaillerai avec l'armée autrichienne; chose d'autant plus facile à faire qu'il est à présumer que les Autrichiens ne laisseront en Bavière que 8 à 10,000, ou tout au plus 15,000 hommes; et, comme il est à croire que lesdites opérations seront d'un bon succès, mon idée est que les troupes impériales ne doivent cesser d'agir que jusqu'à ce qu'elles ont poussé vers Linz, et j'espère alors d'être en état de marcher vers le Danube, pour y appuyer l'aile droite de mon armée.

Voilà les idées que j'ai de mes opérations et de celles que les troupes impériales auront à faire. J'ai trop de confiance en vous, Monsieur, pour que je ne dusse être tout-à-fait rassuré que vous n'en ferez qu'un bon usage et que vous les ménagerez avec tout le secret possible.

Mais avant que de finir ma lettre, il faut vous avertir encore d'une chose dont personne n'entend mieux les conséquences que vous; c'est ce que j'espère que l'Empereur ne s'impatientera pas ni n'en fera un sujet de griefs, quand mon armée, lorsqu'elle sera entrée en Bohême, y prendra à son temps les quartiers d'hiver, ou lorsque qu'elle en [tirera] des fourrages et autres choses nécessaires pour subsister et se conserver, de même si mes troupes étaient obligées de se faire respecter contre les gens du plat pays, en cas que ceux-ci voulussent prendre les armes contre mes troupes et faire feu sur celles-ci; comme aussi si je me voyais obligé de chasser quelques-uns des plus mal intentionnés de la ville, au lieu desquels l'Empereur pourra placer alors d'autres, qui lui sont bien affidés. Il n'est nullement à douter que dans de pareils cas