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1388. AU MINISTRE D'ÉTAT BARON DE MARDEFELD A MOSCOU.

Potsdam, 11 avril 1744.

Comme vous êtes assez instruit combien il m'importe que les négociations dont je vous ai chargé réussissent à mon souhait, et que plusieurs de mes desseins se régleront sur le succès que vos négociations auront, il serait superflu de vous recommander derechef d'employer tout votre savoir-faire pour réussir 1° dans le déplacement du Vice-Chancelier et le rappel de Keyserlingk; 2° sur l'alliance à conclure entre moi, la Russie et la Suède et sur la garantie expresse de la Silésie ; 3° sur les démonstrations que je souhaite que l'Impératrice fasse pour seconder mes vues, et 4° sur les remontrances énergiques que je désire que l'Impératrice fasse à la cour de Dresde, pour que je ne trouve pas celle-ci dans mon chemin et qu'elle se prête plutôt à vivre avec moi en bonne harmonie; mais tout ce que j'ai à vous dire par la présente est que vous ne devez point épargner de l'argent pour vous aider à arriver bientôt au but que je désire. Si le fonds d'argent que vous avez en mains ne devait pas suffire à cela, j'aurai soin de le rafraîchir, et je viens d'ordonner qu'on parle au banquier Splittgerber, pour qu'en tout cas il vous fasse crédit auprès le comptoir de Pétersbourg jusqu'à la somme de 50,000 écus.

Federic.

Nach dem Concept.


1389. AU MARÉCHAL COMTE DE SECKENDORFF A FRANCFORT-SUR-LE-MAIN.

Potsdam, 11 avril 1744.

Les deux lettres que vous m'avez écrites en date du 4 de ce mois, m'ont fait bien du plaisir, et j'ai vu avec satisfaction les arrangements que vous avez faits pour rassembler les troupes impériales sous le canon de Philipsbourg. Comme j'ai eu des nouvelles certaines que les troupes autrichiennes se sont mises, pour la plus grande partie, en marche, j'avoue que je ne suis pas encore hors d'inquiétude sur le sort de celles de l'Empereur; et c'est pour cela que je vous prie encore une fois de faire toute la diligence possible pour mettre, le plus tôt le mieux, les troupes de l'Empereur hors d'insulte, et même de ne les exposer point, jusqu'à ce que les Français auront commencé à agir. Ce sera alors que vous pourriez vous montrer, mais avant cela il faudra, selon moi, éviter très soigneusement de commettre les troupes impériales avec celles d'Autriche. Je suis même d'opinion que, quand vos troupes seront auprès de Philipsbourg et que les Autrichiens devraient venir sur elles, qu'on prenne alors plutôt le parti de faire passer l'armée impériale au delà du Rhin que de les exposer à quelque malheur. Il y va trop du salut de l'Empereur pour que les troupes ne soient point