1351. AU MINISTRE D'ÉTAT BARON DE MARDEFELD A MOSCOU.

Potsdam, 2 mars 1744.

Comme l'ambassadeur anglais, Tyrawley, sera apparemment déjà arrivé en Russie, et que je suis tout-à-fait persuadé que ses instructions ne sont autres que de détacher l'Impératrice tant de la France que surtout de moi, de raccrocher la reine de Hongrie avec l'Impératrice, et de faire une alliance entre les Puissances maritimes et la Russie, pour attirer celle-ci dans le parti de la reine de Hongrie, je n'ai pu me dispenser de vous recommander d'être bien attentif à toutes les démarches et négociations de cet ambassadeur ; et, bien que je me repose tout-à-fait: sur votre dextérité et savoir-faire, néanmoins je ne saurais assez vous recommander de redoubler votre attention à ce sujet, et de faire bien à propos tous vos efforts pour que cet Anglais ne réussisse dans ses vues.

Vous aurez à faire à une partie très forte, et comme cet ambassadeur, en passant par la Haye, a déjà sollicité des ordres auprès du grandpensionnaire et du greffier de Hollande, pour que leur résident en Russie, le sieur de Swaart, doive aller ne tout de concert avec lui, il n'y a nul lieu de douter que le parti autrichien, danois et saxon ne s'accrochera à lui et qu'on n'épargnera pas ni argent ni intrigues ni quoi que ce soit pour altérer la bonne harmonie qui règne à présent si heureuse<49>ment entre l'Impératrice et moi, et pour l'attirer dans un parti contraire. A quoi le Vice-Chancelier, s'il est conservé dans son poste, contribuera de son mieux; mais j'espère que vous ferez à présent votre coup de maître, et que, par l'assistance de la princesse de Zerbst et de vos amis, vous vous mettrez en état de faire avorter toutes les entreprises que mes ennemis déclarés ou cachés voudront intenter contre moi et mes intérêts. Je viens de faire mander à ma cour le frère du sieur Rasumowski49-1 et de lui faire le présent d'une tabatière d'or, garnie de diamants, avec mon portrait, de la manière que vous me l'avez conseillé; aussi espéré-je que celui-ci en donnera bientôt des nouvelles à son frère.

Federic.

Nach dem Concept.



49-1 Vergl. oben S. 34.