1391. AU CONSEILLER PRIVÉ DE GUERRE DE KLINGGRÆFFEN A FRANCFORT-SUR-LE-MAIN.

Potsdam, 12 avril 1744

Le vieux prince d'Anhalt-Dessau, feld maréchal de mes troupes, m'ayant écrit qu'il y avait des affaires fort intéressantes à lui qui l'obligeaient de faire un tour, à ce qu'il s'explique, vers les environs de Francfort-sur-le-Main et peut-être vers Francfort même, et m'ayant demandé un congé de trois ou quatre semaines pour cela, sans vouloir s'expliquer sur l'objet qui l'y mène, sinon qu'il m'a écrit que c'était pour une affaire qui lui importait plus de 100,000 écus, je viens de lui accorder la permission demandée.

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Comme il est sur le point de partir, et que je suis fort curieux d'être exactement instruit de quoi il s'agira proprement dans ce voyage, et des cours que ce Prince fera pendant son séjour de Francfort ou aux environs, mon intention est que vous le deviez faire observer de bien près, et, sans témoigner de l'empressement, veiller avec attention sur ce qu'il négociera là, de même que sur toutes ses allures et sur les personnes qu'il fréquentera pendant le temps qu'il sera dans vos contrées. Vous ne manquerez pas de m'en faire en son temps votre rapport.

P. S.

Aussi, comme ce Prince paraît être fort prévenu qu'il y aura des États de l'Empire qui souhaitent de former une armée de sécurité, comme il l'appelle, dans l'Empire, et qu'il ambitionne extrêmement d'avoir alors, comme doyen des maréchaux de l'Empire, le commandement de cette armée, ayant déjà fait de fortes instances auprès de moi de m'intéresser à ce sujet pour lui, ma volonté est que, s'il venait à vous en parler, vous deviez lui faire force de compliments, en l'assurant par des paroles vagues que vous êtez assez instruit sur mes démarches pour que vous deviez vous employer dans tout ce qui pourrait lui faire plaisir. Mais vous ne devez le payer que de paroles et tâcher de lui donner le change, en observant de bien près ses autres menées. Il serait aussi en vain, si je voulais m'employer pour lui à ce sujet, puisque vous ne savez que trop qu'une prétendue armée de sécurité n'est que des châteaux en l'air; en attendant, il faut le bercer de bonnes paroles, selon que les circonstances le permettront.

Federic.

Nach dem Concept.