1403. AU COMTE DE HYNDFORD, MINISTRE DE LA GRANDEBRETAGNE, A BERLIN.

Potsdam, 21 avril 1744.

Milord comte de Hyndford. j'ai reçu votre lettre du 18 de ce mois, par laquelle vous me mandez que le Roi votre maître vous a chargé de me faire part du dessein de la France d'envahir le royaume de la Grande-Bretagne, et de la déclaration de guerre de cette couronne contre Sa Majesté Britannique, aussi bien que de la sommation qu'elle vous a ordonné de me faire, pour tenir prêt le secours, stipulé par le traité d'alliance conclu entre moi et Sa dite Majesté à Westminster, le 18 de novembre 1742. Sur quoi, je vous dirai qu'attentif, comme j'ai été toujours, à remplir religieusement mes engagements et à donner surtout à Sa Majesté Britannique et à la nation anglaise, dans toutes les occasions qui se présentent, des marques de ma véritable et sincère amitié et considération, vous pouvez assurer le Roi votre maître qu'en cas que le royaume de la Grande-Bretagne et les États de la couronne d'Angleterre devraient être réellement attaqués et envahis hostilement, je suis prêt de faire marcher, au lieu du secours stipulé par le susdit traité d'alliance, une armée de 30,000 hommes, et de me mettre moimême à la tête pour la faire transporter en Angleterre, et accourir à la défense de la couronne et des royaumes de Sa Majesté Britannique.

Au reste, votre cour ne saurait disconvenir, Milord, qu'il est encore très indécis s'il on n'a pas été l'agresseur de la part du Roi votre maître, par tout ce qui s'est passé aux îles d'Hyères et ailleurs contre la France, et si on n'a pas forcé cette couronne, par des insultes et des hostilités ouvertes, à en venir enfin à une déclaration de guerre contre l'Angleterre, ce qui change totalement la nature des engagements d'une alliance purement défensive, telle qu'est la nôtre, dont le cas du secours mentionné ne saurait exister qu'autant qu'on n'est pas le premier à provoquer et à attaquer une puissance qui ne saurait à la longue digérer les insultes qu'on lui a faites, sans s'en venger par tout ce que le droit des gens exige en pareille occasion. Vous vous souviendrez aussi, Milord, combien de fois on vous a fait entendre que, si on poussait les choses trop loin de la part de votre cour, elle resterait seule responsable des suites qui en pourraient résulter, et qu'on ne saurait alors réclamer l'assistance d'un traité purement défensif.

J'espère que le Roi votre maître aura lieu d'être entièrement satisfait de mes sentiments d'amitié pour lui, et d'une déclaration aussi amiable et aussi cordiale que celle que je viens de vous faire, et dont vous ne manquerez point de l'informer au plus tôt possible. Et sur cela, je prie Dieu etc.

Federic.

Nach dem Concept.

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