1450. AU PRINCE GUILLAUME DE HESSE-CASSEL A WABERN. Pyrmont, 27 mai 1744.

Mon Cousin. Je ne saurais assez témoigner à Votre Altesse à combien je Lui suis obligé de la part sincère qu'Elle veut prendre à ma santé, et de la continuation des sentiments d'amitié et de confiance qu'Elle me marque par Sa lettre du 26 de ce mois.

Charmé que je suis de ce que Votre Altesse Se prête de si bon cœur à tout ce qu'Elle trouve possible, je La prie d'être persuadée que, par un parfait retour d'amitié et de considération, je m'employerai très volontiers à tout ce que je crois possible, selon les conjonctures présentes, pour Sa satisfaction et Ses avantages, sur quoi je me suis expliqué ultérieurement dans le promemoria ci-clos, auquel Elle me permettra de me remettre ; La priant, au reste, d'être assurée de la passion et de l'estime avec laquelle je suis invariablement, mon Cousin, de Votre Altesse le bien bon et très affectionné cousin

Federic.

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Mémoire.

Personne ne saurait être plus porté pour les intérêts de la maison de Hesse que le roi de Prusse. Ce Prince regarde l'accroissement de cette maison comme le sien propre, vu les liens d'amitié et de sang qui les unissent. Le prince Guillaume sait que la cour de Prusse a contribué considérablement à l'acquisition que la maison de Cassel a faite de Hanau ; il sait, de plus, dans le projet des convenances à faire à la maison de Hesse, que le Roi a temoigné toute la facilité possible. Mais on prie le prince Guillaume de vouloir faire les réflexions suivantes :

1° Que le traité d'union, projeté entre les princes de l'Empire, doit avoir pour but le soutien de Sa Majesté Impériale dans sa dignité, et le maintien du système de l'Empire tel qu'il est actuellement; que, de plus, on demande l'accession du roi de France comme garant de la paix de Westphalie ; or, comment pourrait-on de bonne foi, dans un traité qui n'a pour but que les libertés et le maintien de l'Empire, y stipuler dans un article secret des conditions si contraires aux libertés de cet Empire dont les alliés se déclarent les protecteurs? comment séculariser les biens appartenant à des princes ecclésiastiques, sans agir ouvertement contre la paix de Westphalie, et sans révolter contre nous tout le catholicisme de l'Europe? L'Empereur n'oserait jamais souscrire à des conditions qui pourraient un jour lui devenir fatales.

2° L'article des villes impériales me paraît être d'une nature tout- à-fait semblable, et je crois que ce serait agir de mauvaise foi envers le prince Guillaume que de lui donner des garanties sur des matières aussi difficiles, pour ne pas dire impossibles, à exécuter. Il me semble

En troisième lieu, que le prince Guillaume devrait considérer l'énormité des subsides que lui a déjà payés la France; les difficultés qu'il fait à présent de l'emploi des troupes; et qu'il comprend bien lui-même que ce ne sera pas de ces 6,000 hommes, quoique bonnes troupes, que dépendra le succès des grandes entreprises; que jamais il n'aurait eu rien à espérer, en continuant ses engagements avec l'Angleterre, au lieu qu'à présent les alliés s'offraient de bon cœur à lui faire ses convenances, à condition de l'unique préalable que ce soient des choses possibles.

4° Quant à la marche des troupes hessoises, je crois que l'Empereur pourrait se contenter qu'elles joignissent l'armée impériale en même temps que les Prussiens se mettront en marche, par quoi le prince Guillaume parviendrait parfaitement à son but, ayant le pays de Hesse protégé par les opérations des années de l'Empereur, de la France et de la Prusse, démarche qu'il ne saurait décliner de bonne grâce, sans donner de grands soupçons de partialité.

Nach dem Concept.

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