1511. AU CONSEILLER BARON LE CHAMBRIER A LILLE.

Berlin, 20 juillet 1744.

J'ai bien reçu la relation que vous m'avez faite en date du 10 de ce mois. Je ne saurais vous cacher que je ne suis pas cette fois tout- à-fait content du peu de diligence dont vous avez usé pour faire parvenir au roi de France et au maréchal de Noailles les lettres que je vous ai adressées pour eux; l'importance des affaires qui y sont traitées et l'arrivée d'un courrier de ma part, vous auraient assez autorisé ou d'aller vous-même trouver le Roi ou le maréchal de Noailles à Dunkerque, ou d'y envoyer, au moins, mes lettres, pourque j'eusse eu au plus tôt possible les réponses, que j'attends avec bien de l'impatience. Ce que vous ne manquerez pas d'observer une autre fois.

Comme mes troupes se mettront bientôt en mouvement, je vous ordonne que vous ne deviez pas perdre un moment, ni cesser de recommander bien sérieusement au maréchal de Noailles que l'armée du maréchal de Seckendorff soit mise en état, sans la moindre perte du temps, tant pour l'argent que pour les troupes que la France a promis de joindre à l'armée impériale, pour être à même de suivre l'armée autrichienne sur leurs pas, dès que celle-ci rétrogradera, et pour entrer alors en Bavière. Vous devez faire les mêmes représentations au sujet des Palatins, qui, malgré toutes les assurances qu'on leur a données de la part de la France, et quoiqu'ils ne soient point chers, n'ont encore rien reçu du tout pour pouvoir rendre leurs troupes mobiles et les mettre en état d'agir.

Vous tâcherez donc d'insinuer au maréchal de Noailles que c'est le temps où il faudra que la France fasse des efforts, si elle veut sortir bientôt et honorablement de la guerre présente, et qu'une épargne qu'elle veut faire à présent mal à propos, l'expose à faire des dépenses bien plus considérables par la continuation d'une guerre qui, pourvu que la France ne fasse tous les efforts possibles et n'agisse pas vigoureusement, pourrait encore fort traîner. J'attends avec impatience votre réponse sur tous ces sujets.

Federic.

Nach dem Concept.