1577. AU DUC RÉGNANT DE WURTEMBERG A STUTTGART.

Camp devant Prague, 12 septembre 1744.

Monsieur mon Cousin. Le major d'Uexküll, qui vient d'arriver ici, m'a bien rendu la lettre que Votre Altesse m'a écrite au sujet du campement que l'armée française sous les ordres du maréchal de Coigny a pris dans les pays de Votre Altesse. Elle peut être assurée que, loin que la France se soit concertée avec moi sur cet événement, que j'ai tout-à-fait ignoré, je ne le saurais infiniment approuver, n'ayant rien tant à cœur que la conservation et la tranquillité des États neutres de l'Empire dans les troubles présents. Mais si Votre Altesse veut réfléchir mûrement sur la conduite que Ses ministres ont tenue depuis quelque temps vers l'Empereur, comment ils l'ont négligé en toute occasion, et quelle partialité outrée ils ont fait paraître dans toutes les affaires où il s'est agi des intérêts du chef de l'Empire, Elle S'apercevra aisément de l'effet que tant de malin-vouloir de Ses ministres a pu faire sur l'esprit de ce Prince et sur la France son alliée. Votre Altesse conviendra, de plus, que ces procédés irréguliers, tout porté que je suis pour Ses intérêts, me mettent, quelque bien intentionné que je sois pour tout ce qui a du rapport à Ses intérêts, hors d'état de pouvoir m'intéresser avec succès <279>pour Elle, soit dans le cas dont il s'agit, soit dans l'affaire de Montbéliard. C'est pourquoi je laisse à Sa pénétration si Elle ne voudra pas, non seulement donner des ordres positifs à Ses ministres d'agir à l'avenir avec moins de prévention en égard de l'Empereur, mais faire Elle-même quelque pas pour Se concilier l'amitié de Sa Majesté Impériale. Les moyens dont il se faudra servir pour y parvenir, Lui sont parfaitement connus, et Elle me mettra par là en état de m'employer efficacement pour Elle et pour les intérêts de Sa maison, que je regarderai toujours comme les miens propres. Je La prie d'être assurée des sentiments d'amitié et d'estime avec lesquels je suis, Monsieur mon Cousin, de Votre Altesse le très bon cousin

Federic.

Nach dem Concept.