1584. AU MARÉCHAL COMTE DE SECKENDORFF [A DINKELSBÜHL].

Camp devant Prague, 16 septembre 1744.

Monsieur, Le capitaine de Dieskau que vous m'avez envoyé, m'a bien remis la lettre que vous m'avez fait le plaisir de m'écrire en date du 6 de ce mois. J'avoue, Monsieur, que je ne puis pas assez comprendre les raisons qu'on a' eues pour ne pas suivre avec plus de diligence l'ennemi, et que tout ce qu'on a fait jusqu'à présent, pour harceler un ennemi qui va en rétraite, n'ait point eu de succès. Il me paraît que c'est faute de bonne disposition, et, par tout ce que j'ai vu faire, je plains l'Empereur qui, par le peu d'efforts qu'on a faits jusqu'à présent pour son rétablissement, aurait peut-être risqué de ne ravoir jamais ses États, si je ne m'en étais mêlé moi-même. Quant à vous, Monsieur, de qui je connais tout le zèle que vous avez pour le service de Sa Majesté Impériale, j'espère que vous n'hésiterez point de faire tous les efforts imaginables, pour profiter de l'éloignement de l'armée du prince Charles, afin de faire rentrer la Bavière sous la domination de l'Empereur, et que vous ne sauriez mieux faire sur ce sujet que de pousser avec l'armée sous vos ordres jusqu'à Passau, pour tâcher de vous en emparer et d'augmenter ainsi l'embarras où l'ennemi se trouve actuellement.

J'espère pourtant que les Français vous auront constitué une armée telle que vous n'ayez pas à craindre que, si contre toute attente la fantaisie prenait au prince Charles de vouloir se tourner contre la Bavière, vous ne soyez pas alors en état de vous y soutenir.

Je fais tout ce que je puis pour y animer les Français, et j'écris encore une fois au maréchal de Noailles, pour qu'il s'emploie à vous constituer une armée qui n'ait point l'air d'une avant-garde, mais qui <286>puisse se soutenir contre l'ennemi, en cas qu'il voulût marcher vers elle, et que, si on n'y prend pas garde et ne faisait tous les efforts à la fois pour exécuter les engagements pris, toutes nos mesurés seraient rompues et tout irait à rebours. L'Empereur vient de m'envoyer le résultat de la conférence que le maréchal de Noailles a eue avec vous à Lauterbourg, sur les opérations à faire, avec les réflexions que Sa Majesté y a faites. Tout y est fort bien pensé, et je souhaite seulement qu'on s'y tienne, qu'on ne change plus de plan, et qu'on agisse là-dessus vigoureusement. Pour la Saxe, je ne suis plus si intrigué que je l'ai été au commencement, et peut-être trouvera-t-on des moyens de les avoir dans notre parti. Au reste, je vous suis bien obligé des avis que vous m'avez donnés sur l'état de l'armée du prince Charles. Jusqu'à présent, je n'ai pas encore de nouvelles certaines de son arrivée vers la Bohême, mais je crois toujours qu'il nous viendra du côté de Pilsen. J'espère de finir dans un couple de jours avec Prague. J'accuse vos deux lettres du 26 et du 27 du mois d'août passé et serai charmé d'avoir souvent des vos nouvelles. Je suis avec des sentiments d'estime, Monsieur, votre très affectionné ami

Federic.

Nach dem Concept.286-1



286-1 Nach dem Brief des Grafen Ségur an den Grafen Argenson, Seidelsdorf 23. September (Campagne de Coigny en Allemagne l'an 1744, IV, 217), enthielt das Schreiben des Königs an Seckendorff, das dieser am 21. September Ségur zeigte, folgende Zusätze von des Königs eigner Hand: „Adieu, mon cher de Seckendorff, votre officier vous rendra compte comme j'ai conduit l'attaque de Prague, vous et vos Français n'êtes que des poules-mouillées.“ „Puisque je n'entends point parler ni d'Impériaux ni de Français, je tâcherai de me tirer d'affaire tout seul et sans leurs secours,“