1603. AU MARÉCHAL DE FRANCE DUC DE NOAILLES [A STRASBOURG].

Camp de Tein, 3 octobre 1744. Monsieur.

Je viens de recevoir la lettre que vous m'avez écrite en date du 21 du mois de septembre passé, et vous suis infiniment obligé de tout ce que vous m'y dites d'obligeant, de même que des pièces297-4 que vous avez bien voulu me communiquer; aussi vous prie-je d'être persuadé de mon parfait retour des sentiments de considération et d'estime.

J'ai ordonné à mon maréchal de Schmettau de vous entretenir sur ce que je pense sur le résultat de la conférence que vous et MM. les deux autres maréchaux ont tenue avec lui, et sur les réflexions que j'ai couchées moi-même sur ce sujet.

Je ne saurais laisser passer cette occasion sans vous prier de réfléchir sur la nécessité qu'il y a à faire marcher un corps considérable de vos troupes, d'abord que Fribourg sera prise, vers le Bas-Rhin et la Westphalie, pour soutenir les amis et alliés du Roi votre maître, pour rendre dociles les électeurs ecclésiastiques, et pour prévenir les ennemis dans le dessein qu'ils ont d'établir leurs quartiers d'hiver dans les pays <298>de Juliers, Bergue, Clèves, Gueldre et Liège, afin de ruiner par là le Palatin et le rendre inutile à l'union qui s'est faite par l'entremise de la France.

Vous considérez, de même, que, si la France veut faire voir un peu de vigueur dans cette affaire, elle pourra, sans courir aucun risque, prévenir toutes ces menaces et attacher par là bien des États de l'Empire, bien intentionnés dans le fond pour la cause commune, mais qui n'osent pas encore se montrer, et qui, si le cas susdit devait arriver, crainte d'en essuyer de semblable, s'attacheraient au parti ennemi. Je suis donc persuadé, Monsieur, que vous ne manquerez pas de contribuer de toutes vos forces, afin que la marche susmentionnée ne soit point négligée. Quant à mes opérations, le sieur de Schmettau vous dira jusqu'où je suis abouti jusqu'à présent, et il ne me reste qu'à vous réitérer les protestations des sentiments d'une parfaite estime avec laquelle je suis, Monsieur, votre très affectionné ami

Federic.

Nach dem Concept.



297-4 Die Abschriften eines Briefes von Noailles an den Kaiser und eines „Avis qu'ont présenté au Roi Messieurs les maréchaux soussignés (Noailles, Maillebois, Belle-Isle, Schmettau), assemblés par ordre de Sa Majesté le 20 septembre 1744.“