1615. A LA PRINCESSE RÉGNANTE D'ANHALT-ZERBST A MOSCOU.

Camp de Konopischt, 21 octobre 1744.

Madame. Je vous suis infinirnent obligé de la lettre que vous me faites le plaisir de m'écrire; je me flatte que vous et tous ceux du bon parti qui ont du crédit, se surpasseront dans la crise présente, pour que l'Impératrice ne soit point entraînée par des mal-intentionnés dans un parti qui est aussi contraire à ses véritables intérêts qu'aux miens. Mon ministre est informé de tout, mais comme cette affaire est de la dernière importance, et qu'il m'importe du tout pour le tout, j'ai la ferme confiance en vous que vous vous servirez de tous les moyens imaginables pour informer l'Impératrice de la vérité de létat des choses, pour lui dissiper les mauvaises impressions que des gens remplis de dangereux préjugés pourraient lui donner, et pour la convaincre que je suis le plus sincère, le meilleur et le plus naturel de tous ses alliés, qu'elle ne peut embrasser un autre parti, sans courir, elle et son neveu, un péril éminent, et qu'après tout, si elle me manque dans l'occasion, elle m'obligera malgré moi de changer de sentiment pour elle. Tâchez aussi, charmante Princesse, de faire, si vous le pouvez, que l'on ouvre les yeux sur la perfidie des Saxons, et que l'Impératrice y mette un frein, comme elle est en état de le faire. Vous savez combien je m'intéresse à tout ce qui vous regarde, il est superflu que je vous le répète, mais je vous conjure de me rendre la pareille dans cette conjoncture, dont vous devez connaître l'importance pour moi. Je suis avec toute l'estime possible, Madame, votre fidèle ami et cousin

Federic.

Nach Abschrift der Cahinetskanzlei.