1627. AU FELD-MARÉCHAL COMTE DE SCHMETTAU A PARIS.

Camp de Wositz, 22 novembre 1744.

J'ai reçu la lettre que vous m'avez écrite en date du 27 octobre dernier. Vous vous souviendrez des ordres réitérés que je vous ai donnés, de ne vous mêler que des affaires dont je vous ai chargé, de mesurer les termes dans les relations par rapport aux affaires secrètes et anecdotes, que vous deviez ou ne point écrire ou faire bien chiffrer vos dépêches, pour qu'on n'en puisse faire un mauvais usage. J'aurais cru volontiers que, quand même vous n'auriez pas eu assez d'attention pour les ordres du Roi votre maître, qu'au moins la prudence et la raison vous auraient disposé à suivre des avis si salutaires ; mais, à mon grand regret, j'ai vu que non seulement dans la relation que vous m'avez faite de votre voyage auprès de l'Empereur, vous avez tout-à-fait négligé mon avis, en me mandant des choses qui m'ont fait frémir que, si cette lettre avait été interceptée...322-1 mais encore la pièce ci-jointe322-2 vous apprendra quelle bévue vous avez faite de n'avoir pas bien chiffré vos dépêches, et vous jugerez bien des suites que la publication d'une pareille pièce peut causer.

Je souhaiterais pouvoir me persuader que ces dépêches ne fussent point authentiques, mais, à vous dire ma pensée, je crois la lettre à l'Empereur322-3 de votre façon, et vous ne pourriez jamais dire que je vous aie autorisé ni instruit d'avoir un commerce de lettres de pareille nature, surtout avec la cour impériale, avec laquelle vous eussiez dû rester à un certain point et user d'autant plus de réserve que le secret n'y est point assez assuré.

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Outre cela, je n'ai jamais reçu la relation dont on trouve l'extrait323-1 dans l'imprimé susdit, de même que les adjoints sous N° 3, 4 et 5.323-2 Il semble même qu'il y ait des passages supposés, dont je ne pourrais juger; mais toutefois, il est inexcusable que vous ayez fait des traits si hardis de personnes respectables, et que vous ayez risqué d'envoyer des pièces de cette importance sans les bien chiffrer. Et comme je crains encore pour la dépêche que vous m'avez faite et qu'on a interceptée vers la fin d'octobre dernier, il ne me reste que de prendre la résolution de vous rappeller, par des raisons que vous concevrez bien vousmême.

Mon intention est donc qu'aussitôt que cet ordre vous parviendra, vous devez vous congédier sans beaucoup de bruit de Sa Majesté Très Chrétienne, en lui présentant la lettre ci-close et l'assurant encore une fois de mon attachement éternel. Cela fait, vous irez tout droit à Berlin et y attendrez mon arrivée. Au reste, il s'entend dé soi-même que le baron Le Chambrier aura soin, après votre départ, de mes affaires. Et sur cela je prie Dieu etc.

Federic.

Vous êtes un homme d'esprit, et vous vous êtes conduit d'une façon si extraordinaire que je n'y comprends rien. C'est à vous de porter la peine de vos étourderies et de la rage que vous avez d'intriguer à tort et à travers, sans en avoir des ordres.

Nach der Ausfertigung. Der Zusatz eigenhändig.



322-1 Lücke in der Vorlage.

322-2 „Zuschrift Ihro zu Hungarn und Böheim Königl. Majestät an den zu Ulm dermalen versammelten löblichen Schwäbischen Kreisqonvent, d. d. Wien 16. October 1744,“ mit aufgefangenen Depeschen' Schmettau's als Beilagen. Preussische Staatsschriften I, 495.

322-3 Daselbst 504.

323-1 Preussische Staatsschriften I, 506.

323-2 Daselbst 509—512.