1628. AU BARON CONSEILLER LE CHAMBRIER A PARIS.

Königgrätz, 23 novembre 1744.

Je vous adresse l'incluse au maréchal Schmettau, pour que vous la lui fassiez tenir au plus tôt possible. Comme elle est chiffrée de votre chiffre, vous la déchiffrerez vous-même et verrez par là de quoi il s'agit. Je suis au désespoir de ce que ledit maréchal m'oblige de le rappeler par sa conduite si peu mesurée et par son inconsidération de mander des choses si importantes à l'Empereur, dont il sait combien peu les secrets sont gardés avec lui, et qu'il fait des caractères si offensants des personnes du premier rang et respectables par la confiance que leurs maîtres ont mise en eux, sans avoir pris au moins la précaution de les mettre en chiffre. Aussi, comme il y a d'autres dépêches de lui que l'ennemi a interceptées, je crains infiniment que ledit maréchal n'ait mis en écrit de la même manière et sans chiffre des choses à la vérité chimériques, comme par exemple le plan du baron Scheffer par rapport à la Russie323-3 et le plan de Maurepas touchant le roi de Sardaigne,323-4 mais qui <324>pourront faire infiniment de tort tant à la France qu'à moi, si l'ennemi l'apprend par les dépêches interceptées, et si la cour de Vienne, qui ne ménage rien pour nous attirer d'autant plus d'ennemis et d'envieux, les rend publiques, et tâche à nous faire le second tome de La Chétardie. Enfin, après avoir mûrement pesé tous les inconvénients qui peuvent résulter de la conduite inconsidérée du maréchal de Schmettau, je ne vois guère d'autre moyen à les prévenir en quelque façon que de le faire retourner, le plus tôt le mieux, à Berlin. C'est pourquoi je lui ai ordonné de se congédier auprès du roi de France, pour lequel je lui ai envoyé sa lettre de rappel. J'ai fait la lettre ci-close au maréchal de Noailles sur ce sujet,324-1 auquel vous la rendrez à la première occasion et tâcherez, avec toute la prudence possible, de le radoucir du mieux du monde sur les traits piquants et insultants que Schmettau a écrits sur son sujet à l'Empereur. Je me repose, au reste, sur votre fidélité, savoir-faire et dextérité si reconnus, que vous aurez toute l'attention imaginable pour veiller sur mes intérêts et pour être fort attentif sur tout ce qui passe à la cour où vous êtes, pour qu'il ne s'y prenne pas de résolutions préjudiciables pour mes intérêts.

Federic.

Schmettau s'est comporté comme un fol et il m'a écrit comme un insensé.

Nach dem Concept. Der Zusatz nach Abschrift der Cabinetskanzlei.



323-3 Vergl. oben S. 273 und Staatsschriften I, 513.

323-4 Oben S. 282.

324-1 Der Brief ist nicht übergeben worden. Chambrier berichtet, 18. December: „Comme le maréchal de Schmettau envoie on courrier à Votre Majesté, il m'a prié de ne remettre la lettre au maréchal de Noailles qu'après le retour dudit courrier.“ Der König richtet darauf am 17. Januar einen andern Brief in dieser Angelegenheit an Noailles. Siehe Bd. IV.