1640. AU DUC RÉGNANT DE BRUNSWICK A WOLFENBÜTTEL

Schweidnitz, 7 décembre 1744.

Monsieur mon Frère. Les deux lettres qu'il a plu à Votre Altesse de m'écrire en date du 13 et du 16 novembre, ne me sont parvenues qu'à mon arrivée à Schweidnitz, toutes deux à la fois. Je suis charmé de voir par la première que Votre Altesse veut bien me faire le plaisir de permettre à Monsieur Son frère, le prince Albert, d'entrer dans mon armée, et d'être persuadée en même temps que j'aurai un soin particulier de ce Prince, comme de tout ce qui a l'honneur d'appartenir à Votre Altesse. Elle me donnera une marque agréable de Son amitié, si Elle voulait bien faire en sorte que ledit Prince puisse venir me voir vers la fin de ce mois à Berlin.

Quant au contenu de la deuxième lettre de Votre Altesse, j'ai l'honneur de La prier de vouloir bien se reposer sur l'étroite amitié qui subsiste entre nous et sur la réciprocité des intérêts de nos deux maisons. Je suis même charmé que Votre Altesse, selon les lumières dont Elle Se trouve douée, a d'abord ordonné à Ses ministres à la Diète de ne prendre aucune part aux menées dans lesquelles les mal intentionnés aux intérêts de l'Empereur ont tâché de La faire entrer, à l'occasion du pont que les Français ont fait construire sur le Main. Elle comprendra bien Elle-même qu'il n'y a pas à craindre qu'il puisse résulter le moindre péril ou préjudice aux États de l'Empire des mouvements que les Français sont obligés de faire pour le soutien de l'Empereur, étant des troupes auxiliaires qui dépendent absolument des ordres de Sa Majesté Impériale. Mais, au contraire, Votre Altesse jugera aisément que, s'il y avait moyen d'éblouir quelques États de l'Empire de façon qu'ils se prêtassent à entrer dans de certaines liaisons qui seraient contraires au maintien de l'Empereur et à la pacification de l'Allemagne, qui ne peut provenir d'une manière solide que de son rétablissement, cela n'aurait autre effet que de diviser le Corps Germanique en soimême, de mettre la défiance et la confusion partout, et, par de malheureuses suites qu'on ne peut prévoir, de bouleverser tout le système de l'Empire.

En particulier, j'ose bien assurer Votre Altesse, par l'alliance dans laquelle je me trouve avec la France, qu'Elle ne risquera jamais d'être incommodée en aucune façon des troupes de ladite couronne, et qu'Elle aura ainsi tout sujet, comme j'espère, de Se tranquilliser sur cet article, comme aussi d'être persuadée qu'en toutes sortes d'occasions je n'oublierai jamais de Lui donner des marques convainquantes de mon véritable attachement, étant toujours prêt à porter les intérêts de Sa maison, soit à la Diète, soit aux autres cours où Elle jugera que mon assistance pourrait Lui convenir, avec la même ardeur comme si c'étaient les miens propres. Au reste, j'ai l'honneur d'assurer Votre Altesse de <338>la haute estime avec laquelle je suis, Monsieur mon Frère, de Votre Altesse le bon Frère

Federic.

Nach Abschrift der Cabinetskanzlei.