1666. A L'EMPEREUR DES ROMAINS A MUNICH.

Berlin, 26 décembre 1744.

Monsieur mon Frère. Je ne doute nullement que le maréchal de Seckendorff n'ait déjà informé Votre Majesté Impériale des fortes raisons que j'ai eues pour me replier avec mon armée vers la Silésie, et des circonstances qui m'ont mis dans la fâcheuse alternative, ou de marcher vers la Silésie, ou de voir périr mon armée. Je suis d'autant plus fâché du peu de succès de ma campagne, le retour de mon armée vers la Silésie ayant nécessairement entraîné l'abandon de la ville de Prague, puisqu'il fallait ou perdre, avec la ville de Prague, toute la garnison qui y était, et que l'ennemi aurait à la fin obligé par la famine de se rendre à discrétion, ou d'évacuer cette ville pour en sauver la garnison. Votre Majesté Impériale voudra pourtant être assurée que, nonobstant <373>que ma campagne passée n'ait pas eu le succès désiré, je ne resterai pour cela pas moins attaché à Elle et Ses intérêts, et que je ferai tous les efforts possibles afin que, par une campagne vigoureuse dans l'année qui vient, tout soit réparé, et Votre Majesté Impériale soutenue dans tous Ses droits si justes et légitimes.

J'ai eu la fâcheuse nouvelle que les Autrichiens ont fait une invasion dans ma Haute-Silésie, dont je viens de retourner, après y avoir fait les arrangements nécessaires afin que l'ennemi soit repoussé et obligé à se retirer; aussi espéré-je d'en pouvoir bientôt donner de bonnes nouvelles à Votre Majesté Impériale.

Ce qui me fait encore le plus de peine, ce sont les nouvelles qui me viennent de différents endroits que l'ennemi veut renforcer par un corps de troupes l'armée sous les ordres de Batthyany, et même y envoyer le maréchal Traun, pour rentrer de nouveau en Bavière pendant cet hiver. Quoique je ne doute nullement que Votre Majesté Impériale n'en soit déjà avertie, je n'ai pas pu me dispenser de L'en avertir encore et de La prier de vouloir bien assembler à temps Ses troupes, afin qu'elles ne puissent être surprises dans leurs quartiers, et pour rendre ainsi vains les efforts de l'ennemi. Je finis en assurant Votre Majesté Impériale de nouveau de l'attachement éternel et de la haute estime avec laquelle je suis, Monsieur mon Frère, de Votre Majesté Impériale le très bon frère et fidèle allié

Federic.

Nach dem Concept.