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1897. AU CONSEILLER BARON LE CHAMBRIER A LILLE.

Camp de Divetz, 5 juillet 1745.

Il me semble que ce que l'on dit sur le sujet du prince de Conty est bien faible. Si l'exclusion du Grand-Duc est un point sur lequel la France est sincèrement résolue de se roidir, les efforts n'y répondent pas, et cette importante affaire, une fois manquée, l'est pour toujours. Quant à l'idée de placer le roi de Pologne sur le trône impérial, il faut qu'il y consente, et c'est au marquis de Vaulgrenant à négocier cette affaire, car je n'y ai plus d'envoyé. Le projet de la Pologne1 me paraît bien vaste, et je crois que ce ne sera ni la France ni la Prusse qui feront un roi de Pologne, mais bien la Russie.

La verité est que, si l'on veut que je continue la guerre, il ne m'est pas possible de la faire, pour cette campagne, à moins de quatre millions, à cause du prodigieux fardeau que j'ai sur les épaules. Les termes du payement seraient nécessaires d'être fixés, au mois de juillet la moitié, et au septembre le dernier payement.

Fr.

Nach dem eigenhändigen Concept Das Datum ans der Abschrift der Cabinetskanzlei.


1898. AU CONSEILLER ANDRIÉ A HANOVRE.

Camp de Divetz, 5 juillet 1745.

Je viens de recevoir la relation que vous m'avez faite le 24 du mois dernier de juin. Par tout ce que vous m'y mandez de l'entretien que vous avez eu avec le lord Harrington, je me confirme encore plus dans les sentiments que j'en ai eus, savoir que vous vous laissez duper par le lord Harrington, ce qui est une honte. Il faut que vous sachiez que le lord Hyndford a dit à un de ses amis confidemment à Pétersbourg en propres termes: « Notre dessein n'est pas d'abîmer entièrement le roi de Prusse, mais de rogner ses forces »; et voilà à coup-sûr la façon de penser du roi d'Angleterre et de son ministère. Ainsi, si le lord Harrington vous parle d'affaires, dites-lui que j'étais informé de tous les articles du traité de Varsovie, que cela me suffisait pour juger du peu de fond que je puis faire sur l'Angleterre; à quoi vous pouvez ajouter, eu jetant ceci adroitement, que par vos dernières dépêches vous jugiez que vous seriez dans peu rappelé à Berlin. Quand d'ailleurs le lord Harrington vous parlera d'affaires, prenez tout ad referendum, mais répondez rien, sinon que vous n'aviez aucun ordre, et voyez les ainsi venir. Sur quoi, je prie Dieu etc.

Federic.

Nach der Ausfertigung.



1 Vergl. S. 208.