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Il paraît donc par cet aveuglement étrange que la mesure est parvenue à son comble, et qu'après avoir tenté toutes les voies de réconciliation, il ne reste plus à Sa Majesté d'autre parti à prendre que de repousser la force par la force, de donner une protection efficace à ses sujets, contre lesquels le roi de Pologne, électeur de Saxe, a exercé tant de violences et d'inhumanités, de prévenir les pernicieux desseins de ce Prince, que sa persévérance rend irréconciliable, et de faire éprouver à ses sujets de Saxe les mêmes maux qu'il a cru pouvoir faire sentir impunément aux États du Roi, sur lesquels il paraît avoir formé de nouveau des desseins de conquête.

L'intention du Roi est d'obliger un Prince ambitieux et irréconciliable à prendre des sentimens modérés, et quelques avantages que les armées de Sa Majesté pourront avoir dans les opérations qu'elles sont à la veille de commencer en Saxe, Elle sera toujours prête à recevoir les propositions qu'on pourra lui faire, pourvu qu'elles soient équitables, et compatibles avec sa gloire; et en donnant des marques de fermeté et de vigueur d'un côté, le roi de Prusse n'est pas moins porté d'en donner de sa générosité et de sa clémence, dans toutes les occasions.

Nach Abschrift der Cabinetskanzlei. Das eigenhändige Concept ist nicht erhalten.1


1926. AU CONSEILLER BARON LE CHAMBRIER A LILLE.

Camp de Chlum, 21 juillet 1745.

J'ai reçu vos deux relations, l'une du 12 du juin passé, qui m'a été rendue par le colonel Wylich,2 à son retour, et l'autre du 5 de ce mois. Je suis fort surpris que l'affaire des subsides que je demande sur des raisons fort solides à la France, traîne, et que, malgré toutes les assurances qu'on vous a données sur ce sujet, il n'y ait encore rien de positif, rien de décidé jusque là; que le roi de France ne s'en explique autrement que d'une manière assez générale et vague. Comme je suis pourtant très pressé sur cet article-là, et qu'il faut que je sache une bonne fois où j'en suis avec ces gens-là, mon intention est que vous devez dire aux ministres en mon nom qu'il m'est absolument impossible de soutenir la guerre, si je ne suis promptement secouru; que lorsque les ministres m'apprendraient l'art de faire des dépenses sans des recettes proportionnées, je ne les importunerais jamais, mais que dans ce moment le besoin était si pressant, que je serais réduit par eux de m'accommoder avec la reine de Hongrie, malgré la répugnance extrême que j'ai pour cette démarche; mais nécessité n'a point de loi. Vous devez dire, de plus — pour répondre au reproche que le roi de France me fait dans sa lettre, qu'il n'est rien dit de subsides dans



1 Vergl. S. 229 Anm. 4.

2 Vergl. S. 211 Anm. 2.