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Vous ajouterez que, si on voulait entrer sans perte de temps dans le plan que je vous ai chargé de leur proposer, je me prêterais avec plaisir aux idées que le ministère anglais pourrait avoir pour l'électipn d'un nouveau empereur, et que, si nous étions une fois d'accord là-dessus, il ne serait pas difficile d'y faire entrer le reste du collége électoral, et de faire cesser, par là, les troubles qui déchirent l'Allemagne, et qui iraient toujours en augmentant si l'on ne s'entendait pas de bonne heure là-dessus. Que mon intention était sincère de tirer fidèlement la même corde avec l'Angleterre dès que la paix serait rétablie entre moi et la reine de Hongrie, aussi bien que la maison de Bavière, sur le pied juste et raisonnable que j'avais indiqué, et que c'était l'heure du berger qu'il ne fallait point négliger, si on voulait m'avoir, et que milord Harrington pourrait faire réussir les vues de la Grande-Bretagne relativement à cet objet, dès qu'on mettrait la main à l'œuvre pour le rétablissement de la paix, conformément aux idées que vous avez été chargé de lui faire goûter.

Vous pouvez même trancher le mot, et faire entendre que si l'on veut travailler, en cette occasion, pour les intérêts de la maison d'Autriche, comme cela paraît probable, il faudrait avoir soin de mes intérêts pour me procurer un bon morceau pour m'indemniser pour le présent, et ajouter de fortes clauses d'une sûreté suffisante pour l'avenir.

En attendant, vous devez tâcher de faire votre possible pour profiter de cet événement et du besoin que l'Angleterre pourrait avoir de mon concours pour le système qu'elle se propose pour une nouvelle élection, afin que cela serve de véhicule et de motif pour entrer avec d'autant plus de sincérité et de promptitude.

J'espère, aussi, que vous ne manquerez pas d'approfondir quels peuvent être les véritables sentiments du ministère par rapport à cet événement, soit en faveur du grand-duc de Lorraine, soit en celle du roi de Pologne, comme les deux candidats qui pourraient se mettre, préférablement aux autres, sur les rangs, et vous pouvez même glisser dans votre discours qu'on commençait déjà à me solliciter, de loin, pour ma voix et mon crédit pour l'élection future, mais que je voulais garder les mains libres et différer à prendre mon parti jusqu'à ce que je fusse informé des sentiments du lord Harrington et du reste du présent ministère.

Comme tous les moments sont précieux, dans la présente crise des affaires, vous ne tarderez pas à m'informer, au plus tôt, et même, s'il le faut, par un courrier, que vous enverrez à mon ministre le comte de Podewils à la Haye avec une réponse bien claire et positive du lord Harrington sur un objet de si grande importance, en chiffrant bien vos dépêches.

Federic

H. Comte de Podewils.

Nach der Ausfertigung.